Relations de presse

Deux poids, deux cultures

Par Pierre Gince, PRP, ARP, FSCRP   |   28 octobre 2010
Carla Bruni

Carla BruniPourquoi plus de Canadiens ont vu des photos de la Première Dame de France flambant nue qu’il y en a qui connaissent le simple prénom de la Première Dame du Canada ?

Au-delà du « sex appeal », il y a aussi trois raisons :
• le passé de chacune d’elles ;
• les fonctions que, par tradition, les épouses des principaux dirigeants politiques assument au Québec, au Canada et en Europe ;
• le poids médias (importance) accordé à la vie privée des principaux dirigeants politiques.

Je rentre d’Italie et de France. Mes yeux de Nord-américains ont été très surpris de constater la couverture de presse très soutenue que les médias accordent tout particulièrement à la vie privée de Silvio et de Nicolas. Parce que c’est pire que ce que l’on perçoit au Québec !

Il faut dire que Sarko a le sens de la téléréalité : à peine arrivé à l’Élysée avec Cécilia, la chicane a pris, et hop ! à la fin d’un souper chez Thierry Ardisson, il quitte avec Carla… Rien n’a pas été dit : de la liste des amants de cette ex-mannequin devenue chanteuse jusqu’à la hauteur de ses talons… sans compter de récentes rumeurs d’infidélité alors qu’elle aurait été mise sous écoute électronique par son très très jaloux de mari ! Et aucun détail de son très joli corps ne manque sur internet…

La presse française et européenne est particulièrement sévère avec ses dirigeants. Elle se permet de choisir des visuels et d’utiliser des qualificatifs que l’on ne voit pas chez nous. Voici deux « une » dans lesquelles le célèbre chapeau de Napoléon est utilisé, à trois ans d’intervalle…

The economist et Nicolas Sarkozy

Les Italiens ne sont pas en reste avec leur président qu’ils ont élu, battu, réélu, rebattu et ré-réélu ! Cette année, sa collection de maîtresses, sa présumée aventure avec une jeune fille de 17 ans et l’inévitable divorce ont défrayé les manchettes. La presse de partout en Europe se délecte de ses frasques, notamment en Espagne.

Magazine Interviu

Un monde de différences

Ce qui frappe au jeu des comparaisons, c’est d’abord le poids médias accordé à la vie personnelle de nos principaux élus.

Alors qu’il ne se passe pas une semaine, en France ou en Italie, sans que MM. Sarkozy et Berlusconi ne défraient la manchette pour un tout et un rien, c’est le néant au Québec et au Canada. À ce chapitre, MM. Harper et Charest ne font pas le poids… et ils doivent s’en réjouir ! Puisque, selon notre culture nord-américaine, ils ne font rien qui mérite de faire la manchette autrement que pour leur travail.

Que savons-nous à propos de M. Harper ? Qu’il aimerait écrire un livre sur le hockey et qu’il n’embrasse pas ses enfants lorsqu’il les reconduit à l’école…. Et M. Charest écoute Bet.e & Stef dans sa limousine et il surnomme son épouse « Michou »… Et alors ?

Parlant de Mme Michèle Dionne, la Première Dame du Québec : c’est uniquement pour parler de son engagement auprès de la Croix-Rouge qu’elle a accepté d’accorder une entrevue, récemment, à « Tout le monde en parle ». Une entrevue dont la valeur économique est très impressionnante !

Mme Dionne à "Tout le monde en parle"

Ce qui est évident, c’est que Sarko et Silvio « se nourrissent » de la couverture de presse – même défavorable ! – dont ils sont l’objet à propos de leur vie personnelle; c’est à croire qu’ils y trouvent source de fierté et affirmation de leur pouvoir.

Chez nous, MM. Charest et Harper n’utilisent les médias que pour leurs fins professionnelles : le premier avec une certaine complicité mais… en chute libre, le second avec une « machine propagandiste » maintenant bien huilée… qui fait rager les journalistes !

Ah ! oui, en passant : Mme Harper – parce qu’elle a pris le nom de famille de son mari – se prénomme Laureen.