Relations publiques

10 prédictions pour les communications en 2024

Par Pierre Gince, PRP, ARP, FSCRP   |   15 janvier 2024

De quoi sera faite l’année 2024 ?

Assurément de changements ! Puisqu’ils n’ont jamais été si nombreux et rapides à s’imposer dans toutes les sphères de la société. Et, puisque les communications sont de plus en plus névralgiques dans la gestion, Mesure Média a établi dix prédictions.

1) L’IA deviendra… plus intelligente encore !

À pareille date l’an dernier, ChatGPT n’était pas encore une marque archiconnue. C’est dire à quel point les choses évoluent rapidement !

Source du visuel : Jonathan Kemper

C’est en 2024 que ChatGPT et ses concurrentes feront tout – à coup de milliards de dollars US – pour devenir « LE » standard, « LA » référence en crédibilité dans la niche devenue incontournable de l’intelligence artificielle.

L’IA s’impose déjà passablement dans l’ensemble de la pratique des relations publiques : recherche, rédaction, plans de communication et de gestion de crises, veille médiatique, listes de presse, etc. C’est très préoccupant… parce que les raccourcis pris aujourd’hui pour sauver du temps et de l’argent contribuent à « nourrir » des ordinateurs qui, un jour, pourraient bien remplacer ceux et celles qui sont excités par les ChatGPT de ce monde…

En naviguant parmi les plateformes ChatGPT, Open AI, Amazon Web Services (AWS), Google Cloud AI, Microsoft Azure AI, etc., rappelons-nous une réalité toute bête : la qualité des réponses à nos questions dépend entièrement du contenu fourni. C’est pourquoi on y retrouve à la fois des renseignements formidables et du « Garbage In, Garbage Out »…

En 2024, un mot sera sur toutes les lèvres : « prompts », qui fait référence aux instructions, aux phrases d’initialisation et aux exemples donnés à un modèle de langage pour orienter ou démarrer la génération de texte. En IA, ces « prompts » permettent d’obtenir les réponses ciblées à nos questions.

Les stratèges en relations publiques ont deux avantages que l’IA ne pourra pas mettre au point parfaitement : le jugement et l’empathie.

Les stratèges en communication gagneront à profiter des prochains mois pour « analyser la bête », c’est-à-dire connaitre et comprendre les atouts souvent complexes de l’IA, apprécier ses forces et prendre conscience de ses limites. Par exemples : la puissance en recherche de contenu et en rédaction est indéniable, alors que l’analyse du contenu des médias présente d’importantes lacunes

2) La lutte contre la désinformation se poursuivra

Dans les médias et les réseaux sociaux, les textes truffés de mensonges continueront de se répandre à la vitesse de l’éclair. Cette désinformation s’infiltrera partout, entre autres lors des campagnes électorales de 2024 qui auront lieu aux États-Unis et dans une cinquantaine de pays.

Cette année, la guerre aux mensonges devra être la responsabilité partagée des stratèges en communication, des journalistes et des personnes qui la détectent et la rejettent.

En particulier, les stratèges en communication et les journalistes devront vérifier plusieurs fois leurs sources avant d’affirmer quoi que ce soit, et éviter de considérer le contenu des plateformes d’intelligence artificielle comme « LA » vérité…

3) Les données seront au cœur de la gestion

Dans le cycle de l’actualité d’aujourd’hui – 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 – les crises sont devenues une réalité souvent quotidienne dans certaines entreprises; il suffit de parler entre autres aux gestionnaires des compagnies aériennes et de restauration rapide pour le réaliser pleinement.

En 2024, les dirigeantes et dirigeants des entreprises dans tous les domaines voudront connaitre encore davantage l’importance de leurs bons coups et… des situations qui engendrent des déficits de réputation dans les médias. Ils et elles, tout comme les avocates et avocats qui les entourent, pourront bien émettre des impressions subjectives si ça leur chante ! Mais, c’est ici que les stratèges en communication continueront de se démarquer : en fournissant aux tables de décision, des données quantitatives et qualitatives et des analyses indépendantes.

En 2024, l’évaluation du contenu dans les réseaux sociaux et les médias demeurera l’un des secteurs qui connait la plus importante croissance.

4) La communication d’influence se distinguera

Dès le départ, l’appellation « Marketing d’influence » est devenue un parapluie sous lequel se retrouvent les stratégies visant à obtenir l’appui des influenceurs qui comptent des milliers ou des millions d’abonnés sur les réseaux sociaux. Mais… sur TikTok, Instagram, LinkedIn, X, etc : à qui s’adresse-t-on, et pourquoi ?

C’est connu : le marketing vise les consommateurs et les consommatrices alors que la communication interpelle les citoyennes et les citoyens. Idéalement, 2024 devrait être l’année où l’on distinguera ce qui s’adresse particulièrement à l’une et l’autre de ces deux facettes complémentaires.

5) Le respect sera encore plus recherché

Sous ces facettes, les personnes continueront d’avoir des attentes de plus en plus élevées envers les marques et les institutions qui font partie de leur vie.

Quelles sont les valeurs de ces marques et institutions, et comment sont-elles incarnées ? Plus que jamais, les bottines devront suivre les babines – ce sera « Tolérance zéro » envers les écarts de conduite. L’authenticité, l’empathie et la transparence feront partie du respect qui est attendu. Et, il ne suffira plus de s’excuser… puisque la sincérité des excuses est facile à décoder !

6) La perception sera encore plus importante que la réalité

L’aller-retour à Dubaï de la présidente de la FTQ, Magali Picard – deux vols consécutifs de plus de 12 heures chacun – a constitué une grande leçon de gestion : la perception sera toujours plus importante que la réalité.

Les analystes de l’actualité ont été très durs envers Magali Picard. Dans cette discussion à l’antenne de QUB, Mathieu Bock-Côté et Richard Martineau ont généré à son égard, selon Mesure Média, un déficit de réputation de -125 % sur -200 %.
Source du visuel : journaldemontreal.com

En 2024, avant de prendre n’importe quelle décision – même celles qui peuvent sembler anodines, telles une réunion dans un restaurant ou une participation à un événement à l’étranger – les gestionnaires devront être « sainement obsédés » par les impacts qui pourraient en découler.

Même si les médias scrutent uniquement les organisations financées par l’argent public, celles du secteur privé ne sont pas à l’abri pour autant… Puisque tout document lié à ce qui est considéré comme une injustice ou un manque de jugement peut tout aussi bien « couler » à l’interne… et générer des crises de réputation.

7) Le journalisme d’enquête continuera de faire rouler des têtes

En 2024, les médias canadiens et internationaux continueront malheureusement de vivre des moments très difficiles… puisque leurs revenus seront encore nettement en baisse alors que leurs publics continueront de se déplacer vers les réseaux sociaux. Pourtant, plusieurs médias continuent de consacrer d’importantes ressources au journalisme d’enquête, et ce, avec les résultats souhaités.

Rappelons-nous le dossier fouillé du Journal de Montréal qui a fait tomber la présidente du comité exécutif de la Ville de Montréal, Dominique Ollivier, précédemment à la tête de l’Office de consultation publique de Montréal.

Quelle organisation publique peut affirmer avec certitude que toutes ses activités et dépenses sont à l’abri de reportages qui nuiront à sa réputation ?

Ça ne prend qu’une facture d’un repas d’huitres à Paris pour symboliser les excès de dépenses de fonds publics et faire chuter des gestionnaires…      

8) L’acceptabilité sociale sera plus importante que le Plan A

L’ère du « Voici notre projet et vous devez l’accepter » est résolument terminée. Partout dans les différents milieux, l’acceptabilité sociale continuera de s’imposer, reléguant aux calendes grecques, l’époque où les gestionnaires ne considéraient que leurs idées.

En 2024, le succès de l’implantation de tout projet reposera sur l’ouverture aux changements qui seront proposés par différents publics. Ainsi, il vaudra mieux un Plan B ou un Plan C qui fera consensus qu’un Plan A qui sera bloqué ! Cette situation vécue à Chambly devrait faire réfléchir…

Les stratèges en communication continueront d’assurer un rôle-clé dans l’acceptabilité sociale des projets.

9) Les stratèges en communication crédibles influenceront davantage les médias

En 2024, la crise que vivent les médias québécois continuera de réduire passablement les effectifs dans les salles de nouvelles et dans les équipes de recherche des émissions de radio et de télévision. Mais, la recherche du contenu de qualité ne sera pas moins grande…

Les stratèges en communication crédibles seront plus influents avec leurs propositions de sujets, angles et porte-paroles à interviewer.

10) La fonction stratégique des relations publiques sera encore plus importante

L’année qui vient permettra aux stratèges en relations publiques – tant dans les organisations qu’en consultation – de démontrer davantage leur valeur ajoutée au sein de la gestion. Dans quelles circonstances ? Particulièrement en gestion de crises et en amont de celles-ci, lorsqu’une préparation adéquate permet de les atténuer ou même les éviter.

Sur ce, l’équipe de Mesure Média vous souhaite une formidable année sous le signe de la santé, de l’éthique et des gains de réputation !