Élections fédérales: Stephen Harper pose des questions à… lui-même !
L’ancien Secrétaire d’état américain Henry Kissinger – souvent indisposé par des questions auxquelles il n’avait pas envie de répondre – s’amusait à lancer aux journalistes : « N’auriez-vous pas des questions qui conviennent aux réponses que j’ai envie de vous donner ? ».
Cette semaine, le Premier ministre du Canada s’est probablement inspiré de Kissinger alors que, pour s’éloigner de l’affaire Duffy, il s’est lui-même posé une question sur son sujet politique préféré : l’économie !
Voici quelques faits saillants d’une campagne qui donne bien du mal aux partis politiques afin de susciter l’attention des gens :
Gains
La victoire de Mélanie Joly, pour Justin Trudeau : même à l’arraché, cette victoire constitue un soulagement pour le chef du PLC et l’ensemble de ses troupes au Québec.
Cette candidate a notamment contribué à l’essor de la marque libérale au Québec, lundi, lors de la première émission du matinier Alain Gravel à la radio de ICI Radio-Canada Première.
Selon l’outil mesure [d], cette retombée a généré un gain de réputation de 24 780 $ (écart favorable de 85 %) au bénéfice de Mélanie Joly – un très bon score !
Mais… attendons la suite (voir plus bas).
La suspension du procès du Sénateur Duffy, pour Stephen Harper : comme prévu, ce procès a passablement embêté la campagne des conservateurs (il était pourtant annoncé…) et permis au PLC et au NPD de marteler sur cet irritant, jour après jour. Leur objectif : démontrer que le PM était au courant de ce qui tramait dans son propre bureau. Reprise des délibérations en novembre.
L’intervention des leaders d’opinion : dans toute campagne électorale, les porte-parole de diverses organisations (la FTQ, le FRAPPU, le maire Coderre avec son marteau-piqueur, etc.) parviennent à s’insérer dans l’actualité du jour.
Les médias sociaux favorisent encore davantage le rayonnement des points de vue des organisations, et aussi de leaders d’opinion qui s’expriment en leur nom. Ainsi, sur son blogue, la stratège en médias sociaux Michelle Blanc a interpellé les chefs politiques en campagne, affirmant que l’impact économique de l’industrie de l’internet est plus grand que ceux de l’agriculture et de l’énergie !
Le travail de recherche des journalistes : alors que les ressources financières affectées à la couverture de la campagne électorale sont limitées, plusieurs médias se démarquent dans leur travail de vérification des affirmations des chefs des grands partis. Ils forcent ainsi les politiciens à ne pas raconter n’importe quoi !
Mention spéciale à ICI Radio-Canada et RDI qui, dans un contexte budgétaire difficile, se débrouillent très bien avec les moyens du bord.
Pertes
La victoire de Mélanie Joly, pour l’organisation libérale : c’est une interminable saga, cette investiture dans Ahuntsic-Cartierville !
Les libéraux sont incapables de capitaliser sur le fait que près de 2 000 militants seraient allés voter dimanche soir dernier, et voilà que la victoire de Mélanie Joly est contestée par une adversaire (celle-ci invoque que 2065 bulletins de vote ont été comptabilisés, mais que seulement 1780 personnes se sont présentées pour voter)…
La présence de Gilles Duceppe au caucus du Parti Québécois, à Rimouski : l’objectif était de démontrer de la synergie entre les deux formations politiques. Mais, dans les faits, nous avons eu droit à un point de presse mal ficelé, sans message. Résultat : les chefs Duceppe et Péladeau se sont mis à imaginer un partage des actifs canadiens, notamment une garde côtière québécoise !
La fouille du passé de Tom Mulcair : À l’ère d’un accès très facile aux archives des personnalités, voilà que des déclarations du chef néo-démocrate – alors qu’il était ministre libéral au Québec – refont surface.
Après avoir vanté les mérites de Margaret Tatcher, une déclaration sur la privatisation du système de santé vient l’embêter…
Selon l’outil mesure [d], cette retombée a généré un très faible gain de réputation de 442 $ (écart favorable de 50 %) pour Tom Mulcair. Il aurait sans doute préféré se passer de ce « gain » puisque cet enjeu risque de lui coller à la peau jusqu’au 19 octobre…
L’équipe économique des libéraux : Justin Trudeau a présenté ceux et celles formant son « équipe économique », soit pas moins de 31 candidats et candidates. Comme l’a mentionné le commentateur politique Jean Lapierre : « Il suffisait d’avoir un compte de banque pour faire partie de ce groupe ! ».
L’ancien ministre des Finances et Premier ministre Paul Martin accompagnait ce groupe – lui qui a déjà présenté, en campagne électorale, une liste de… 53 priorités !
* Après avoir déterminé le coût publicitaire avant négociation d’une retombée de presse, mesure [d] http://mesuremedia.ca/ évalue différentes variables d’analyse afin d’établir le gain ou le déficit de réputation de la retombée. Le gain ou le déficit de réputation (en dollars) d’une retombée est calculé à partir de plusieurs critères quantitatifs et qualitatifs pondérés, dont le traitement journalistique accordé au message ainsi que les aspects graphiques et visuels.