La légende des athlètes parfaits, de Jean Béliveau à Laurent Duvernay-Tardif
Même s’il amorce une nouvelle saison dans sa vie, Laurent Duvernay-Tardif n’a pas fini de faire la manchette. Nos médias se régalent, avec raison, des histoires inspirantes de l’athlète-entrepreneur-médecin-philanthrope. L’idéal qu’il représente est-il nouveau ? À qui peut-on le comparer dans l’histoire du Québec ? À mon avis, c’est le Jean Béliveau de sa génération. Analyse.
Après avoir remporté dix coupes Stanley avec le Canadien de Montréal, Jean Béliveau a accroché ses patins en 1971. Pour l’occasion, le CH voulait lui dérouler le tapis rouge et organiser un grand banquet à son honneur. Il a refusé catégoriquement. « Non, donnez plutôt cet argent-là à la fondation que je vais créer ». Le Fonds Jean Béliveau, destiné à soutenir les enfants en situation de handicap, existe encore, aujourd’hui géré par la Fondation Papillon.
De la grande classe. C’est ce qui a fait la marque de celui qui était surnommé Le Gros Bill. Jean Béliveau était un athlète charismatique, le coéquipier parfait, le gendre idéal et le citoyen engagé. Malgré tout ce qui pouvait lui enfler la tête, il est resté d’une grande humilité – comme c’est le cas, 50 ans plus tard, pour un certain Laurent Duvernay-Tardif.
Quelques traits caractéristiques en commun
- Modestie. Tant sur son site officiel que sur celui de la Fondation Laurent Duvernay-Tardif, on ne voit l’ex-footballeur en photo que pour mettre d’autres personnes en vedette. Et, si les sites web et les médias sociaux avaient existé à l’époque de Jean Béliveau, je suis convaincu qu’il aurait fait preuve de la même modestie;
- Engagement. Tant le 4 que le 76 considéraient comme essentielle, leur présence et leur engagement dans la communauté. Pour eux, le fait d’être devenu un athlète professionnel adulé venait avec la responsabilité d’offrir du temps de qualité au public. Existe-t-il des partisans qui auraient été traités cavalièrement par l’un ou l’autre ?
- Rayonnement médiatique réfléchi. À titre de joueurs, l’un et l’autre ont été très médiatisés. Mais, ils ont choisi de l’être de façon réfléchie, stratégique, pertinente. On ne compte plus les occasions où ils ont provoqué des occasions d’attirer l’attention vers les autres.
- Attrait. L’un et l’autre ont été énormément sollicités par un nombre incalculable de causes sociétales et de marques commerciales. Dans les deux cas, leur fondation a permis de filtrer et de concentrer les priorités. Et LDT a été l’ambassadeur des marques Sports Experts et Le Lait, contrairement à M. Béliveau qui n’a pas plongé véritablement dans cet univers. Il a toutefois toujours été proche de la famille Molson et de leurs entreprises.
Laurent Duvernay-Tardif coche toutes les cases recherchées… et il en ajoute !
Depuis plus de 50 ans, beaucoup d’athlètes ont fait de belles et grandes choses auprès du public. P.K. Subban et plusieurs autres se sont investis, mais… il n’y a eu qu’un seul et unique Jean Béliveau, avec une feuille de route sans taches. Laurent Duvernay-Tardif est de la même étoffe.
Un demi-siècle de masculinité
Au moment d’annoncer son départ, Jean Béliveau n’a pas versé de larme. L’émotion était vive, mais… les hommes ne pleuraient à peu près pas à cette époque, et surtout pas en public !
Mais, en pleine conférence de presse, le premier Québécois à avoir remporté le Superbowl s’est remémoré avec émotions sa lointaine vie montréalaise et les rêves qu’il y entretenait avec sa copine. On le sentait fébrile – ça se voyait. Il assume d’être un homme de 2023.
Ému et avec la voix nouée, l’athlète n’était pas moins homme. Il était vrai
Laurent Duvernay-Tardif et Jean Béliveau reflètent à quel point la masculinité a évolué au fil des décennies. Béliveau, homme de son temps, était dans la retenue, la politesse, une certaine noblesse, alors que Duvernay-Tardif incarne un idéal plus empathique, parfois même dans l’autodérision comme dans ses publicités du Lait.
Il est essentiel de constater que LDT est « un cas » en soi. Au Québec, un phénomène comme lui, ou comme Jean Béliveau, ça arrive tous les 50 ans. D’où la mise en garde suivante : il ne faut pas chercher un autre LDT afin de l’associer à un projet. Mais, plutôt, cibler précisément ce qu’un ou une porte-parole d’une cause ou d’une marque pourrait apporter.
Mesurer, même quand on est un athlète parfait ?
Faut-il faire évaluer le rayonnement médiatique lorsque des personnalités, des marques et des organisations s’imposent positivement ?
Oui, pour deux raisons importantes en gestion :
- certifier des faits pour l’interne, c’est-à-dire le conseil d’administration, le comité de direction et l’équipe des communications (le rapport devient un outil de gestion);
- certifier des faits pour l’externe, c’est-à-dire les différents partenaires auprès de qui il est approprié de démontrer la réussite chiffrée de la couverture médiatique (le rapport devient un outil de rayonnement).
Il est essentiel d’aller au-delà des impressions subjectives, avec des données quantitatives et qualitatives pertinentes.
Méthodologie
Le gain de réputation est obtenu en multipliant la valeur publicitaire (espace ou temps d’antenne)
Le déficit de réputation est obtenu en multipliant la valeur publicitaire avec une série de variables pondérées d’analyse du contenu des retombées médiatiques. C’est ainsi que la tonalité et l’impact d’une retombée médiatique sont déterminés en dollars (ou autre devises).
Le score de performance est la différence en pourcentage entre le gain ou le déficit de réputation et la valeur publicitaire. Il s’agit d’un indicateur de la tonalité de la couverture médiatique. Les extrêmes vont de 200 % à -200 %.