Relations publiques

Les Tops et les Flops médiatiques – deuxième moitié d’année 2018

Par Caroline Roy   |   18 décembre 2018

Les six derniers mois ont démontré que la société québécoise change.

La consommation de cannabis a été légalisée. Il n’y a pas eu de coups d’éclat de la part des grandes marques québécoises. Un nouveau gouvernement a pris place sur la Grande-Allée et trois partis d’opposition ont l’intention de lui donner du fil à retordre. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont marché pour défendre l’environnement. Et les médias traditionnels et sociaux démontrent de plus en plus qu’ils contribuent à cristalliser les opinions.

Voici quelques observations :

Tops médiatiques

Les syndicats profitent de l’été

C’est connu : l’été, l’actualité tourne au ralenti. À quelques semaines du début des élections, une coalition syndicale a profité de ce creux pour créer une campagne d’affichage dans certaines municipalités sous le thème « Libécaquiste Caquibéral : du pareil au même ». L’initiative a déplu à la Ville de Québec, qui a envoyé des amendes aux syndicats concernés. Mais les syndicats ont tout de même réussi leur coup, car au-delà du simple affichage publicitaire, leur message s’est rendu dans les médias. Des gains de réputation notables pour les syndicats, dont un de 25 289 $ dans Le Soleil après avoir défendu leur point de vue face au maire Régis Labeaume.

Érik Guay : une retraite médiatisée

Rares sont les athlètes qui obtiennent 980 mentions dans les médias au cours d’une seule semaine, et ce même lorsqu’ils annoncent leur retraite. C’est, de toute évidence, parce qu’Erik Guay a établi des relations de qualité avec les journalistes au fil des années. À l’annonce de sa retraite, Le Journal de Montréal a consacré une portion de sa une et trois pages aux faits saillants de la carrière d’Erik Guay. Le gain de réputation total a été de 154 000 $ pour le skieur. De quoi quitter la scène compétitive le cœur léger !

Rassurer à la façon Manon Massé

Au cours des derniers mois, la stratégie de Québec solidaire visant à répartir les efforts de ses deux porte-paroles a porté fruit : ce jeune parti est passé de trois à dix élus à l’Assemblée nationale.

Tout en prétendant être différent, QS s’est livré au même exercice de clientélisme que ses concurrents. Ainsi, alors que Gabriel Nadeau-Dubois a harangué les jeunes sur les médias sociaux, Manon Massé s’est imposée comme une leader politique rassurante auprès des plus âgés qui s’informent davantage dans les médias traditionnels.

Un pacte qui mobilise

Plusieurs dizaines de milliers de Québécois dans la rue, par grand froid, pour exiger que nos gouvernements interviennent rapidement et concrètement pour la survie de la planète : il fallait non seulement y penser, mais savoir comment s’y prendre !

C’est ce que le metteur en scène Dominique Champagne a réussi. Depuis, les médias parlent plus d’environnement. Et les partis politiques aussi. Attendons la suite…

Un astronaute qui nous rend fier

Il a l’air de notre voisin. Et pourtant, il exerce une profession hors du commun : David Saint-Jacques est astronaute et, en ce moment, il nous rend tous fiers !

L’Agence spatiale canadienne a recruté ce Québécois pour une mission très délicate. À travers des collègues tout aussi talentueux, c’est lui qui a été choisi – sa personnalité sympathique et son éloquence y sont sans doute pour quelque chose.

La couverture médiatique a été énorme et de grande qualité – comme en témoigne ce décollage en direct à Salut Bonjour (Réseau TVA) le 3 décembre 2018. Toutes les variables sont positives, générant un gain de réputation de 118 080 $ pour David Saint-Jacques.

Flops médiatiques

Robert Lepage : un été à oublier

Quel été à oublier pour Robert Lepage ! Il y a eu les spectacles « SLAV »… puis « Kanata » : deux controverses, coup sur coup… Robert Lepage a enregistré cet été un énorme déficit de réputation dans les médias – nous l’estimons à plusieurs centaines de milliers de dollars… Ce déficit est attribuable à des décisions de gestion qui ont été mal reçues par les médias – parce que ce sont eux qui ont créé la pression qui a mené à l’annulation des 2 spectacles. Prenons un seul exemple de couverture négative : dans Le Soleil du 5 juillet, le reportage intitulé « Les représentations de SLAV annulées », a donné un déficit de réputation de – 4 000 $ pour Robert Lepage…

Bombardier : une relation amour-haine

Pour la énième fois, Bombardier s’est retrouvé embourbé dans un tourbillon de mauvaises nouvelles qui ont soulevé l’ire de plusieurs Québécois. L’entreprise a coupé 5000 postes, dont 2500 au Québec, en délaissant son programme d’avion Q400. Un seul reportage à TVA a généré un déficit de -19 500 $ au détriment de Bombardier. Parallèlement, l’AMF ouvrait une enquête sur des transactions de hauts dirigeants de Bombardier. Quand ça va mal… D’un autre côté, le premier ministre François Legault s’indignait quelques jours plus tard que Bombardier n’ait pas obtenu le contrat des trains Via Rail (c’est l’Allemande Siemens qui l’a remporté). Comme quoi la « marque » Bombardier est capable de soulever à la fois la sympathie et la frustration chez les Québécois.

Des coups de marteau sur les doigts de Rona

La relation des Québécois envers Rona est différente : c’est une marque ancrée et toujours aimée qui a été vendue aux Américains. Une de plus…

En l’espace de quelques semaines, l’ancien président est finalement sorti de son mutisme en publiant un livre choc sur la vente de Rona. Plusieurs entrevues, dont Robert Dutton fustige à nouveau Michael Sabia, ont fait mal à la réputation de Rona (dans ce cas-ci : gain de réputation de 61 487 $ pour Robert Dutton et déficit de – 31 290 $ pour la CDPQ).

Puis, les nouveaux dirigeants ont annoncé la fermeture de plusieurs magasins au Québec. Ouch à la réputation…

Le magasinage désagréable de Gertrude Bourdon

Patronne du CHU de Québec et très respectée dans son milieu, Gertrude Bourdon a raté son arrivée en politique puisque les médias l’ont qualifié de « magasineuse de partis » : flirt avec le PQ, négociations avec la CAQ et, finalement, candidature avec le PLQ.

Après avoir affirmé aux médias : « Je savais que mon saut en politique allait marquer l’histoire », elle a eu droit à près de 5000 retombées de presse – pour la plupart négatives.

Gertrude Bourdon a généré un déficit de réputation de plus de 700 000 $. C’est du jamais-vu pour une candidature en politique québécoise.

La réputation démolie de la ville de Chambly

Les médias nationaux parlent très rarement des villes du 450, sauf… quand ça va mal. Et, depuis plusieurs mois, la ville de Chambly a mal à sa réputation.

« Poursuites, menaces et abus d’autorité… Le maire Denis Lavoie règne sur la ville de Chambly avec une poigne de fer depuis 2005 », affirme Radio-Canada. Puis, la démolition d’une maison patrimoniale – jadis habitée par Ricardo Larivée, qui est monté aux barricades – a maximisé la couverture médiatique et engendré un énorme déficit de réputation pour une ville somme toute tranquille…

Les sujets hors-catégorie…

Cannabis : méchante drogue

Jusqu’à l’engagement de Justin Trudeau de légaliser le cannabis s’il devenait Premier ministre du Canada – c’était en 2013 – les médias canadiens parlaient peu du cannabis. Depuis, nous avons assisté à l’essor d’une toute nouvelle industrie, et à l’enracinement d’un enjeu de société très complexe. C’est en milliers de retombées que l’on compte tout ce qui s’est dit sur cette drogue maintenant vendue par les provinces canadiennes. Des journalistes américains, français, allemands et espagnols ont même traversé la frontière et l’océan pour couvrir le 17 octobre le premier jour de la légalisation, qui avait par moment des airs de fin du monde dans les médias…

La légalisation du cannabis n’est ni un Top médiatique, ni un Flop : c’est un fait qui cristallise l’opinion publique.

L’unique Catherine Dorion

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la nouvelle députée de Taschereau veut donner un coup de pied (avec ses Dr. Martens) dans l’institution où elle siège maintenant.

Depuis son élection, Catherine Dorion accumule-t-elle des gains ou des déficits de réputation pour elle et son parti ? Les deux.

Alors qu’elle est très critiquée dans les médias traditionnels – où on l’accuse de s’habiller comme « la chienne à Jacques » (une expression de vieux !) – elle est une star dans les médias sociaux, où sa clientèle affirme qu’elle porte des tenues de ville de son époque pour aller au bureau.

Hubert Lenoir : l’art de la provocation

Le monde de la politique a Catherine Dorion, le monde de la musique a Hubert Lenoir… Bouffée d’air frais dans un monde conformiste pour les uns, comportement insultant pour les autres : le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Hubert Lenoir ne laisse personne indifférent !

Sa personnalité est unique. Et le fait d’introduire un Félix dans sa bouche a dérangé les us et coutumes. Que vous aimiez sa musique ou non semble peu l’importer : il a voulu se démarquer dans l’actualité en 2018 et c’est mission accomplie.

Sur ce, Bonne fin d’année 2018… et au plaisir de vous retrouver en janvier !

Pour relire nos tops et flops médiatique de la première moitié d’année 2018.

Chaque semaine, Mesure Média présente le gain de réputation (ou le déficit) enregistré par une marque, une organisation ou une personnalité.

Après avoir tenu compte du coût publicitaire avant négociation d’une retombée de presse, nous évaluons différentes variables d’analyse afin d’établir le gain ou le déficit de réputation de la retombée. Le gain ou le déficit de réputation (en dollars) d’une retombée est calculé à partir de plusieurs critères quantitatifs et qualitatifs pondérés, dont le traitement journalistique accordé au message ainsi que les aspects graphiques et visuels.