Analyse de presse

Mgr Ouellet lance et compte !

Par Pierre Gince, PRP, ARP, FSCRP   |   17 août 2010

Mgr Ouellet lance et compte !Mgr Ouellet lance et compte !

 

17 août 2010

 

Si l’ex-Cardinal de Québec était un hockeyeur, dirait-on de lui qu’il est un joueur de concession ou qu’il est du type à marquer dans son propre filet ?

Les commentateurs diraient probablement qu’il n’est ni un ni l’autre… mais plutôt qu’il est affecté aux unités spéciales.

 

Guy Carbonneau, Claude Provost et Mgr Ouellet

Lui-même un amateur de sport, Mgr Ouellet doit savoir de quoi il s’agit. Puisqu’il a longtemps vécu à Rome, il n’a probablement pas vu jouer Guy Carbonneau, qui était excellent pour contrer quelques adversaires attitrés. Cependant, il doit certainement se rappeler du numéro 14 des Canadiens, Claude Provost, qui n’avait pas son pareil pour couvrir Bobby Hull !

En communication, toute organisation vise, via ses porte-parole, à mieux se faire connaître, comprendre et apprécier. Dans son cas, il n’y a aucun doute que le Cardinal Marc Ouellet aura été, et de loin, le religieux le plus connu des Québécois depuis… le Cardinal Léger ! Mais, est-il parvenu pour autant à se faire comprendre et à être apprécié ? C’est une autre histoire.

Affecté aux unités spéciales par le Vatican, Monseigneur Ouellet a eu (ou a-t-il choisi d’interpréter son mandat ?) un mandat particulier à assumer, à la fois à Québec et à travers tout le Québec : relayer les messages du Pape. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il possédait à merveille ses messages clés !

S’il a réjoui plus d’une fois « sa base » – ce que fait très bien lui aussi le Premier ministre Harper – il a heurté de plein front et à plusieurs reprises, les « brebis égarées » qu’il voulait ramener à l’Église, le dimanche. Et à la confesse. C’est ce que l’on appelle « mal cibler un très important public cible ».

Je suis convaincu que bien des gens dans son entourage religieux et laïque ont tenté de le sensibiliser au Québec des années 2000 – qu’il ne connaissait pas lors de son retour ici et dont il ne soupçonnait pas à quel point il avait changé. En n’écoutant pas, il y a eu entêtement, décalage et, conséquemment, une « mauvaise connexion ». Mais était-ce vraiment important alors qu’il visait certainement un retour dans les ligues majeures… à Rome ?

… et les médias ?

Là où Mgr Ouellet a sans contredit atteint son but (pour rester dans le hockey), c’est dans les médias. Rapidement lors de sa nomination comme Archevêque de Québec et par la suite, Mgr Ouellet est devenu un « incontournable ».

Un sujet touchait de près ou de loin l’Église catholique et la société ? Les journalistes avaient une ligne directe pour le rejoindre… quand, j’imagine, ce n’était pas son entourage qui sollicitait des entrevues ! Autrement dit : il a pris toute la glace que les médias lui ont laissée.

On ne compte plus les fois où il a fait la « une » des bulletins de nouvelles à la radio, à la télévision et dans les quotidiens de partout au Québec et même au Canada anglais. Il a alimenté les tribunes téléphoniques et les boîtes de commentaires des lecteurs et – consécration – il était l’une des têtes-de-turc préférées des caricaturistes. S’il était resté en poste, il serait probablement devenu un nouveau personnage dans une émission au nom prédestiné : Et Dieu créa Laflaque !

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Mgr Ouellet s’est régulièrement démarqué dans les médias. Pas toujours habilement – ce qu’il a reconnu du bout des lèvres dans son homélie de dimanche dernier. Mais il est parvenu à « passer ses messages » à propos de la confession, du mariage gai, de l’avortement et autres sujets délicats.

Une analyse de presse réalisée au bénéfice de Mgr Ouellet le donnerait assurément grand gagnant, année après année. Parce qu’il y a eu une véritable « communion » (oui, elle est plutôt facile !) entre les messages qu’il voulait véhiculer et la couverture de presse obtenue.

Lors d’une analyse de presse, il faut toujours considérer, en priorité, la clarté de la diffusion des messages par le porte-parole d’une organisation. Et non pas leur réception ; cette mesure, c’est le travail des sondeurs.

Ainsi soit-il.