Analyse de presse

Quelle image souhaite-t-on projeter à l’étranger ?

Par Pierre Gince, PRP, ARP, FSCRP   |   4 juillet 2011

La visite du Duc William et de la Duchesse Kate chez nous constitue une occasion idéale de réaliser l’impact de ce qui s’écrit et se dit à l’étranger, à propos du Québec et du Canada, dans les médias traditionnels et sociaux.

Lorsqu’il s’agit de projeter l’image d’un gouvernement à l’étranger, via les médias, c’est souvent une série de détails qui font la différence entre des retombées de presse favorables, et… d’autres qui ternissent l’image et la réputation des « marques » telles Québec, Canada, États-Unis, France, etc.

En effet : depuis que le dicton « Parlez-en en mal ou en bien, mais parlez en » a heureusement perdu beaucoup de son influence, il revient aux organisations privées et publiques, et même aux gouvernements, de gérer leurs propres marques. Prenons comme exemples récents, certaines interventions de MM. Jean Charest et Amir Khadir et la visite du Prince William et de Kate Middleton.

Nos élus

Qui l’eut cru : le Premier ministre Jean Charest et le député de Mercier, Amir Khadir, ont un point en commun. En effet, certaines de leurs prises de position au Québec génèrent parfois des retombées de presse négatives à l’étranger.

Ainsi, plusieurs experts européens en environnement ont analysé les dossiers du Plan nord et de l’exploitation des gaz de schiste. Sous leur regard extérieur, certaines interventions du gouvernement ont subi des jugements sévères, notamment dans Le Monde et autres publications en France et à travers l’Europe. La valeur économique de ces reportages peut facilement être évaluée négativement à des dizaines de milliers de dollars… Toutefois, l’actuelle tournée de M. Charest en Europe génère là-bas d’excellentes retombées !

De même, l’intervention du représentant de Québec solidaire, à l’effet que le Duc et la Duchesse de Cambridge n’étaient pas les bienvenus au Québec, a eu des échos négatifs. Sans surprise, la presse britannique a pris la défense de Kate et William.

Par contre, un quotidien – le Daily News – est allé plus loin et a titré ainsi son texte du 1er juin dernier :« Outrage as Iranian-born Quebec politician brands Kate and Wills ‘parasites’, calling Royal visit to Canada a ‘waste of money’ ».

Bilan : à l’étranger tout comme ici, nous ne contrôlons pas comment nous serons perçus… sans compter que le titre à connotation raciste est tout à fait déplacé. Par ailleurs, la réputation du Québec aurait bien pu se passer des retombées négatives occasionnées par l’une des plus récentes sorties de M. Khadir. D’autant plus qu’il est possible de croire que son style intempestif pourrait l’inciter à faire d’autres sorties du genre dans l’avenir…

Quelle image souhaite-t-on projeter à l’étranger ?

Alors, il faut se réjouir du rayonnement que Kate et William apporteront ces jours-ci au Québec.

Il ne fait aucun doute que des centaines de reportages, diffusés à travers l’Amérique du Nord, l’Europe et ailleurs – un chapelet d’images de cartes postales bucoliques d’ici – généreront une valeur économique de plusieurs millions de dollars en quelques jours seulement. La notoriété de William et Kate étant au cœur de ces reportages, l’impact sera assurément plus important que n’importe quelle campagne de promotion touristique que pourrait faire le gouvernement du Québec à l’étranger!

Plus globalement, il est essentiel de se rappeler que, comme toute réputation, celles du Québec et du Canada à l’étranger ont été établies, au fil du temps, sur différentes valeurs –notamment l’accueil, l’ouverture et le respect.

À l’ère de la circulation toujours plus rapide de l’information via les médias traditionnels et sociaux, les conséquences d’une opération de presse « locale » peuvent être bien plus importantes que l’on pourrait l’imaginer sur l’image et la réputation du Québec à l’étranger. Parce que, selon le traitement journalistique accordé, une retombée peut générer à elle seule, une valeur économique favorable ou défavorable de quelques dizaines de milliers de dollars ou d’Euro…

Que ce soit à titre d’élus, de gens d’affaires, d’investisseurs ou de touristes éventuels, ils sont des centaines de milliers à nous observer depuis l’étranger, via les médias. Et à présumer de l’accueil qu’ils auraient chez nous. Nos faits et gestes collectifs, de même que nos paroles, sont assurément pris en compte au moment où ils doivent décider de venir ici… ou d’aller ailleurs. D’où l’importance de se montrer ouverts et accueillants !