Rob Ford et Bonhomme dans Maclean’s : deux poids, deux mesures ?
J’avoue : j’avais hâte de voir la une que le magazine canadien Maclean’s allait consacrer aux frasques du maire de Toronto, Rob Ford.
Entre deux personnages tout en rondeurs – le maire Rob Ford et Bonhomme – envers qui le Maclean’s serait-il le plus dur ?
Question de mousser ses ventes, cet important magazine anglophone s’est distingué ces dernières années avec des pages couvertures controversées et sensationnalistes. Le Québec et la ville de Montréal ont particulièrement goûté à la médecine du Maclean’s…
Plusieurs Québécois se souviennent encore de la une avec le célèbre Bonhomme du Carnaval de Québec qui tenait une valise bourrée d’argent. Le tout coiffé du titre « Quebec : the most corrupt province ». Nous étions alors en septembre 2010. Offusqué, tout le Québec avait réagi contre le Maclean’s.
En octobre 2009, le Maclean’s avait aussi dressé un portrait dévastateur de Montréal au cours de la campagne électorale municipale, qui avait mené à la réélection de Gérald Tremblay à la mairie. Le reportage était affublé du titre « Montreal is a corrupt, crumbling, mob-ridden disgrace ».
On pouvait aussi y lire que Montréal n’était plus du tout « glamour » et s’était plutôt transformée en ville désastreuse… En clair : Montréal était devenue une honte pour le Canada !
Bonhomme contre… Godzilla !
C’est dans ce contexte que j’attendais de voir comment le Maclean’s allait traiter des déboires du maire de la plus grande ville canadienne, alors que Rob Ford a admis avoir consommé du crack.
Le maire Ford ne pouvait être épargné. Après tout, la « saga Rob Ford » est médiatisée à travers le monde depuis quelques semaines, notamment chez nos voisins du sud. CNN couvre l’histoire d’heure en heure. Rob Ford est la risée des humoristes américains, notamment de David Letterman et de l’équipe de Saturday Night Life. Bref, Toronto paraît très mal à l’heure actuelle. Et c’est un euphémisme !
Évidemment, je ne suis pas naïve… Je me doutais bien que Toronto et son maire allaient obtenir une couverture négative dans le Maclean’s, mais serait-elle aussi néfaste que celle reçue par Montréal et le Québec ces dernières années ?
La récente une du Maclean’s reprend le thème de Godzilla et compare le maire Ford à un train qui saccage tout sur son passage !
Selon notre outil d’évaluation des médias mesure-d, la une du Maclean’s représente un déficit de réputation de – 840 000 $ pour Toronto et son maire. Et le reportage de six pages au centre du magazine équivaut à une perte de – 765 000 $ pour la Ville-Reine et son premier magistrat.
Rob Ford s’en sort
En septembre 2010, nous avions analysé le reportage du Maclean’s sur la corruption au Québec. Voici notre évaluation à l’époque :
- La « une » du Maclean’s avait une valeur économique négative de (-235 000 $) pour le Carnaval de Québec et de (- 800 000 $) pour le gouvernement du Québec.
- À l’intérieur, aucun impact pour le Carnaval puisque son nom n’était même pas mentionné… alors que le dossier était vraiment catastrophique pour le gouvernement : (- 1 200 000 $) !
Ce qu’il faut en conclure :
- Malgré la controverse autour de son maire, Toronto peut se consoler : sa réputation n’aura pas autant souffert dans le récent dossier du Maclean’s que celle du gouvernement du Québec.
- Bien que la « une » soit négative pour Rob Ford, le reportage à l’intérieur du magazine s’avère plus nuancé que celui sur la corruption au Québec.
- Le maire Rob Ford s’y retrouve avec raison… contrairement à Bonhomme.
Pour en savoir plus sur le gain de réputation : mesure-d.ca.
Source photo : Maclean’s