Analyse de presse

2014 : les « tops » et les « flops » médiatiques – 2e partie

Par Caroline Roy   |   16 décembre 2014
ratés médiatiques

Alors que l’année 2014 tire à sa fin et que les traditionnelles revues de l’année sont en préparation, permettez-nous de vous proposer la nôtre. Et puisque nous avons souvent le nez plongé dans l’actualité, voici la 2e partie de nos « tops » et nos « flops » médiatiques de 2014.

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Les « tops »

1- Éric Savail : Il anime deux émissions à V, et bientôt trois. Il a remporté l’Artis du meilleur animateur, devant Guy A. Lepage et Véronique Cloutier. Il a piloté l’anti-gala de Vrak TV. En termes de cotes d’écoute, il talonne régulièrement les bulletins de nouvelles de 22h. TVA a même tenté, sans succès, de renouveler la formule de son 22 heures tellement la compétition de son talk-show est forte. Éric Salvail a bien gagné sa place dans notre palmarès 2014 !

Parmi les nombreuses retombées médiatiques récoltées par l’animateur au cours de l’année, soulignons son passage au micro d’Isabelle Maréchal au 98,5 FM, qui lui a donné un gain de réputation de 33 450 $*, selon notre outil d’évaluation des médias mesure [d]. Éric Salvail peut célébrer 2014 en s’envoyant quelques shooters derrière la cravate, même si l’organisme Educ’alcool risque de lui taper sur les doigts…

 

2- Écosse : Haut lieu de refuge des souverainistes en mal de référendum, l’Écosse sera apparu sur le radar des nouvelles internationales de nos médias québécois. Pierre Karl Péladeau, Alexandre Cloutier et Martine Ouellet s’y sont rendus en septembre pour constater la démarche des Écossais vers la souveraineté. Malheureusement pour eux, le camp du « non » l’a finalement emporté… Tout de même, le référendum en Écosse figure parmi les nouvelles internationales qui ont été les plus médiatisées au Québec en 2014, entre les crises au Moyen-Orient et la menace de l’Ebola…  

 

3- Samuel de Champlain : Il est décédé il y a près de 400 ans, mais on ne s’est jamais autant rappelé de lui qu’en 2014 ! Du moins dans la région de Montréal…

Alors que l’enjeu du péage sur le pont Champlain n’est pas réglé, son nom, lui, l’est. Le pont Champlain restera Champlain.

Le fondateur de la ville de Québec peut remercier le président français François Hollande et plusieurs leaders d’opinion québécois pour s’être porté à sa défense après que le ministre Denis Lebel ait sérieusement songé à nommer le nouveau pont Maurice Richard en l’honneur du célèbre hockeyeur.

Avec seulement 200 mentions dans les médias en 2013, Samuel de Champlain connaît un regain de popularité avec cinq fois plus de citations en 2014 !

 

4- Ginette Reno : Qui eut cru que Ginette Reno deviendrait le porte-bonheur du Canadien de Montréal en séries éliminatoires cette année ? Certainement pas la principale intéressée !

La chanteuse s’est imposée en entonnant l’hymne national, match après match, au Centre Bell. Sans elle, il était devenu clair que le CH ne pouvait l’emporter ! Bien que la Sainte Flanelle ait perdu en finale de l’est contre les Rangers de New York, Ginette, elle, a « scoré ». Avec plus de 5 300 de mentions de la chanteuse dans les médias québécois en 2014, sa visibilité est nettement en hausse.

À elle seule, l’entrevue, publiée en « une » de la section «arts » de La Presse après une soirée au Centre Bell, a généré un gain de réputation de 82 660 $* pour la « nouvelle coqueluche des sportifs », selon notre outil mesure [d].

 

5- Les dénonciations des femmes dans la foulée de l’affaire Ghomeshi : L’ex-animateur vedette de la radio CBC, Jian Ghomeshi, est sans contredit celui dont la réputation a le plus dégringolé en 2014. Il déloge donc l’ex-maire de Toronto, Rob Ford, qui s’était distingué dans cette catégorie en 2013, mais pour d’autres raisons… Dans les deux cas, des révélations du Toronto Star sont à l’origine de la chute de réputation de ces deux hommes.

Le principal point positif de l’affaire Ghomeshi, c’est que plusieurs femmes qui ont, tour à tour, raconté, notamment sur les médias sociaux, avoir été victimes d’agression sexuelle durant leur vie. Espérons que toutes ces sorties médiatiques feront bouger les choses pour éviter d’autres cas à la Ghomeshi…

 

Les « flops »

1- Les syndiqués municipaux : En août, les syndiqués du secteur municipal nous ont promis un automne chaud. Les médias ont relayé leur message. Alors que l’hiver est à nos portes, la question qui tue : l’automne a-t-il été si chaud ? Non.  Mais l’hiver 2015 pourrait l’être… alors que les syndicats sortent leurs pancartes contre l’austérité.

D’une certaine façon, les syndicats municipaux, qui luttent contre le projet de loi 3 visant leur régime de retraite, se sont brûlés au cours de l’été avec des manifestations qui ont viré au vandalisme et au saccage. Ces manifestations ont suscité bien des critiques dans la population. Sans compter les policiers vêtus de pantalons d’armée…

Un reportage assorti d’une photo publiée dans Le Devoir, montrant les policiers les bras croisés devant les manifestants à l’hôtel de ville de Montréal, représente un déficit de réputation de -22 555 $* pour les policiers du SPVM, selon notre outil mesure [d].

Source : Journal de Québec
Source : Journal de Québec

 

2- Trois évadés de prison en hélicoptère et la ministre Thériault : la première véritable crise à laquelle le nouveau gouvernement Couillard a dû faire face est l’évasion en hélicoptère, en juin, de trois détenus de la prison de Québec.  

La ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault, s’est empêtrée dans différentes contradictions, faute d’avoir de l’information claire sur cette évasion.

À lui seul, un reportage de TVA, diffusé à heure de grande écoute, durant lequel l’opposition demande la démission de la ministre Thériault, lui a valu un déficit de réputation de -75 335 $*, selon notre outil mesure [d].  

 

3- La peur de l’Ebola au Québec : Même grippé et congestionné, le Dr Barrette a dû défendre pendant plus d’une semaine, dans les médias, le fait que les hôpitaux du Québec étaient prêts à recevoir d’éventuels malades atteints du virus. Une nécessité après la découverte de quelques cas d’Ebola aux États-Unis.

Quelque 7000 personnes sont mortes du virus de l’Ebola, en Afrique, depuis le début de l’épidémie. Bonne nouvelle toutefois : le 1er décembre, l’Organisation mondiale de la santé annonçait qu’elle envisage de « prendre le dessus » sur cette maladie en Afrique.

Outre quelques manchettes à la radio et sur le Web, cette nouvelle a passé inaperçue dans les médias du Québec, noyée à travers la mise à jour économique du gouvernement et les trios du CH. Pas mal plus inaperçu que la peur de l’Ebola, il y a quelques semaines, dans les hôpitaux du Québec…   

Parmi les autres « flops » qui auraient aussi pu se retrouver dans notre palmarès, soulignons : Eddy Savoie, les péquistes à vélo, Lise Thibault, Denise Bombardier et sa déclaration d’amour à Tony Accurso, Trivago, Jonathan Bernier à propos de Nelson Mandela…

 

Pour finir : quelques hoquets médiatiques

1- « Gras dur » et la prime de départ du Dr Gaétan Barrette : C’est sans doute parmi les « unes » les plus marquantes de l’année.

À quelques jours du vote aux élections québécoises, Le Journal de Montréal découvre que le Dr Barrette a reçu une prime de 1,2 million à son départ de la Fédération des médecins spécialistes du Québec.

La nouvelle se retrouve en « une », assortie d’une photo du Dr Barrette et du titre « Gras dur ». Digne des meilleurs tabloïds américains ! Devenu ministre, Gaétan Barrette a aussi fait la joie des caricaturistes, qui font toujours référence à son surplus de poids. La blague durera-t-elle en 2015 ?

Le Journal de Montréal
Le Journal de Montréal

 

2- Radio-Canada : Depuis le printemps, des centaines d’emplois ont été coupés à Radio-Canada. Des artistes, des journalistes vedettes et même Pierre-Karl Péladeau se sont alors prononcés en faveur du diffuseur public.

Mais c’est l’annonce de la fermeture du costumier de Radio-Canada (ah, la nostalgie de notre enfance…) qui a vraiment fouetté la population et qui a poussé plus de 20 000 manifestants à marcher à Montréal contre les coupures à Radio-Canada. Le costumier, qui renferme des costumes tels celui de Bobino, est devenu le symbole des coupures à la SRC – au point d’avoir obtenu 240 mentions dans les médias québécois au cours de l’automne. Quel costumier peut se vanter d’autant de visibilité médiatique ?

 

Le grand débranchement : La palme du journaliste qui s’est le plus mis en scène dans ses propres chroniques, revient à Patrick Lagacé.

À l’automne, le chroniqueur de La Presse s’est coupé d’Internet, retiré des médias sociaux et a mis au rancart son téléphone intelligent pour une série de chroniques intitulées « Le grand débranchement ».

La Presse + a misé énormément sur ces chroniques, les plaçant quatre fois en une de son édition numérique, ce qui lui a valu quelques railleries des lecteurs sur Twitter.

Lagacé a aussi signé une chronique, plus notable cette fois, qui racontait sa rencontre avec des enquêteurs de la SQ voulant lui soutirer les noms de ses sources dans l’Affaire Davidson. Comment récidivera-t-il en 2015 ?

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Sur ce, je vous souhaite un excellent temps des fêtes ! Nous serons de retour sur ce blogue dès le mardi 13 janvier.

 

* Précision : Après avoir déterminé le coût publicitaire avant négociation d’une retombée de presse, mesure [d] évalue différentes variables d’analyse afin d’établir le gain ou le déficit de réputation de la retombée. Le gain ou le déficit de réputation (en dollars) d’une retombée est calculé à partir de plusieurs critères quantitatifs et qualitatifs pondérés, dont le traitement journalistique accordé au message ainsi que les aspects graphiques et visuels. mesure [d] est au service des organisations et des marques depuis 1994.