Analyse de presse

Campagne électorale : plus d’intérêt pour le CH que pour le PM

Par Caroline Roy   |   17 septembre 2015
Ruth Ellen Brosseau

Entre le « jingle » de Maxime Bernier, les surplus d’Ottawa et le retour de Jean Chrétien, la 7e semaine de campagne électorale ne soulève pas encore de grande passion.

Le tournoi de golf du Canadien de Montréal est venu nous le prouver, alors que plusieurs médias semblent plus préoccuper par le choix du prochain capitaine du CH que par celui du premier ministre du Canada.

 

Les gains :

1- Surplus d’Ottawa : enfin une bonne nouvelle pour Stephen Harper

L’affaire Duffy, la récession, la crise des migrants… Le chef des conservateurs a été écorché par l’actualité depuis le début de la campagne. M. Harper a toutefois de quoi se réjouir cette semaine, alors qu’Ottawa annonce un surplus de 1,9 milliard dans ses coffres. La nouvelle, favorable aux conservateurs, s’est retrouvée en une du Toronto Star, du Globe and Mail, du National Post et du Ottawa Citizen, pour ne citer que ceux-là. L’article en une du Globe and Mail représente un gain de réputation de 71 885 $ pour Stephen Harper et ses troupes, selon l’outil d’analyse de presse mesure [d].

À cela, s’ajoute le verdict de la Cour d’appel, permettant le port du Niqab, aux cérémonies de citoyenneté. Avec sa décision d’amener la cause en Cour suprême, le gouvernement Harper a l’actualité de son côté cette semaine.

 

2- Après le Stampede, le Festival western de St-Tite

L’Alberta a son Stampede, où les politiciens se présentent chaque année en juillet. Mais le Québec n’est pas en reste avec le Festival western de St-Tite, qui se déroule cette année en pleine campagne électorale. Plusieurs candidats, tous partis confondus, y voient l’occasion d’aller y serrer des mains. Chaussés des traditionnels bottes et chapeaux de cowboys, Denis Lebel, Ruth Ellen Brosseau et Alexandre Boulerice sont, notamment, allés faire leur tour à St-Tite.

Denis Lebel
Source : La Presse

Pendant ce temps, le Regroupement majeur des événements internationaux interpellent les partis fédéraux pour savoir comment ils soutiendront les festivals, comme celui de St-Tite. À cet appel, les candidats restent plutôt muets…

 

3- Jean Chrétien revient à l’avant-scène

La sortie de Jean Chrétien, aux côtés de Justin Trudeau, n’est pas passée inaperçue dans les médias. Plus de 515 articles ont été publiés dans la presse écrite et sur le web à travers le Canada. M. Chrétien en a profité pour égratigner M. Harper sur les réfugiés syriens et le NPD, sur la question référendaire. Même si Thomas Mulcair a répliqué en comparant Jean Chrétien aux Classels… l’appui de l’ex-premier ministre du Canada représente, sans contredit, un gain médiatique pour Justin Trudeau.

 

4- Les jeunes, allez voter !

Radio-Canada lance une initiative intéressante pour inciter les jeunes à voter pour la première fois à une élection fédérale. Sachant que le taux de participation des jeunes à un scrutin est bas, la société d’État a lancé le projet #1ervote. On invite les jeunes de 18 à 22 ans à parler des enjeux qui les préoccupent dans des vidéos de 15 secondes diffusées sur Instagram, cette plateforme sociale de plus en plus populaire. Reste à voir si les jeunes participeront à cette initiative, mais surtout, s’ils iront voter davantage le 19 octobre !

 

Les déficits :

1- En chanson, Maxime Bernier abandonne les conservateurs

Dans un message radio diffusé dans sa Beauce natale, le député conservateur et ministre Maxime Bernier fait cavalier seul. Il y fait tourner un « ver d’oreille » qui ne parle que de lui, « un gars qui nous ressemble », sans aucune allusion à sa formation politique.

C’est un plus pour Maxime Bernier, qui aura réussi à faire parler de lui, grâce à cette publicité, en plein milieu de la campagne. Un reportage sur le député de Beauce, diffusé lundi au Téléjournal 18h, lui vaut un gain de réputation de 7 800 $.

Mais c’est aussi un moins pour M. Bernier… Déjà un électron embêtant pour les conservateurs – rappelons-nous l’affaire Julie Couillard – voilà que le candidat joue à un jeu bien dangereux : visant à être réélu sans se soucier de son parti, il pourrait se retrouver dans l’opposition… ou sur les banquettes d’arrière-ban si Stephen Harper redevenait Premier ministre…

 

2- Quand le Canadien fait de l’ombre aux élus

caricature campagne électorale
Source : Le Journal de Montréal

Jusqu’à maintenant, cette campagne électorale ne soulève pas les passions. Le tournoi de golf annuel du Canadien de Montréal est venu nous le rappeler de belle façon, il y a quelques jours. Si l’on se demande qui sera le prochain élu à la tête du Canada, force est d’admettre que le choix du prochain capitaine du CH motive davantage bon nombre de Québécois, sans parler des médias… Le Journal de Montréal a consacré sa une et 12 pages au tournoi de golf de nos glorieux. La Presse n’est pas en reste avec 4 pages complètes et une photo de Max Pacioretty sur sa une. À quand une pareille couverture pour les partis fédéraux ?

 

 

3- La Pennsylvanie, nouvelle terre d’accueil du Bloc

Un internaute perspicace a découvert lundi qu’une publicité du Bloc, visant les agriculteurs québécois, utilisait un paysage de campagne de la Pennsylvanie… Le Bloc a retiré rapidement la photo des médias sociaux, mais le mal était fait. Si quelques heures plus tôt, Gilles Duceppe avait rencontré Denis Coderre, c’est plutôt cette bourde publicitaire, qui a résumé le début de la semaine du Bloc. Pour un parti en mal de bonne visibilité médiatique, ça fait mal. Cette histoire, publiée dans Le Journal de Montréal, représente un déficit de réputation de – 8 894 $ pour le Bloc québécois.

publicité bloc québécois

 

4- Justin Trudeau ne chiffre pas sa plateforme électorale

Voilà une nouvelle qui n’a pas fait grand bruit dans un contexte où l’économie occupe une place importante dans cette campagne. Si l’on se fie à un article de La Presse Canadienne, diffusé mardi, Justin Trudeau ne publiera pas le coût total de sa plateforme électorale. Selon le chef des libéraux, nul besoin de chiffrer sa plateforme dans la mesure où il détaille les dépenses liées à chacune de ses promesses. Alors que l’incertitude économique plane sur le Canada, M. Trudeau fait le pari de ne pas dévoiler son cadre financier. Ce choix lui nuira-t-il, ce soir, durant le débat sur l’économie ?