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Gary Carter, Rémi Marcoux et le ruban rose

Par Pierre Gince, PRP, ARP, FSCRP   |   21 février 2012

Carter Marcoux-KFCExiste-t-il un dénominateur commun entre Gary Carter, Rémi Marcoux et le ruban rose ? Non : alors que MM. Carter et Marcoux incarnent le sens du véritable engagement, il y a vraiment du « n’importe quoi » dans les associations au ruban rose.

Dans la foulée de Béliveau et Lafleur

Comme la plupart des athlètes qui ont porté l’uniforme des Expos et du Canadien, Le Kid aurait pu, comme le dit l’expression consacrée du monde du sport, uniquement « se présenter à tous les jours et donner son 110 % ». Puis, une fois disputé le dernier match de la saison, rentrer à la maison (à l’étranger) jusqu’à l’année suivante.

Au contraire : durant toute son association aux Expos, il n’y a probablement pas un hiver où Carter n’a pas arpenté les villes et villages du Québec à bord de la caravane promotionnelle de l’équipe. Son sourire – dont tous parlent en particulier depuis son décès – illustrait à merveille son authenticité. Ce trait distinctif de l’ancien numéro 8 confirme pourquoi il ne se trouve probablement pas un seul Québécois qui pourrait se plaindre de ne pas avoir obtenu sa photo ou son autographe (à ce chapitre, il s’est inscrit sur la courte liste des athlètes vraiment respectueux de leur public, auprès de Jean Béliveau et de Guy Lafleur).

Source - 98,5 FM

À l’époque où Carter était le roi incontesté du Stade olympique, personne ne s’attendait à ce que lui et ses coéquipiers ne parlent français : il baragouinait quelques phrases lors des entrevues et dans quelques messages publicitaires (rappelons-nous son association à  l’Auto beaucoup de Chrysler) et ça suffisait. Personne n’a reproché non plus à Gene Mauch et à Dick Williams d’avoir dirigé les Expos sans être capables de s’adresser aux journalistes et aux amateurs dans la langue de la majorité. Autre temps, autres mœurs…

Gary Carter avait un sens de l’engagement dans sa communauté d’adoption qui était hors du commun. En cela, il a sans contredit influencé les cultures organisationnelles du Canadien, de l’Impact et des Alouettes.

L’importance de la poignée de main

Source - PrintCAN

Incontestablement, Rémi Marcoux est l’un des bâtisseurs du Québec inc., et le principal visionnaire au cœur de la croissance et de l’évolution de Transcontinental (l’entreprise est maintenant appelée TC).

Alors que la plupart des dirigeants entreprennent leur retraite en disant « Au revoir et merci »par le biais de différents outils de communication interne – et notamment via le très commode intranet – monsieur Marcoux a choisi de faire le tour de toutes les installations de TC (au Canada et aux États-Unis) afin d’aller remercier personnellement les quelque 10 000 personnes qui l’ont appuyé au fil des ans. Monsieur Marcoux, que je ne connais pas, est probablement le genre d’homme d’affaires pour qui, en affaires, la poignée de main a toujours été plus importante que les volumineux contrats…

Sans l’avoir cherché, Rémi Marcoux vient d’attirer l’attention sur l’importance des communications internes et, du même coup, de valoriser ce segment pourtant très important à travers les différentes facettes des relations publiques. En effet, beaucoup de gestionnaires ont le réflexe de vouloir communiquer énormément auprès de leurs publics externes, négligeant du même coup leurs plus importants ambassadeurs : leurs employés à tous les niveaux hiérarchiques de leur organisation.

Bienvenue à l’ère du « pinkwashing »

Ce mois-ci, la sortie du documentaire de Léa Pool (Pink Ribbons inc., l’industrie du ruban rose) a démontré qu’au chapitre des « mascarades » auprès de l’opinion publique, le « greenwashing » n’est plus seul : il a été rejoint par le « pinkwashing ».

Il est intéressant d’observer le paradoxe : c’est au moment où la responsabilité sociale est de plus en plus considérée sérieusement au sein des organisations que l’on assiste aux pires fourberies… Prenons l’exemple de la campagne « Buckets for the cure », de Kentucky Fried Chicken (heureusement, le Québec a été épargné) : non seulement n’existe-t-il aucun lien entre la contribution financière de l’entreprise à la recherche sur le cancer du sein et cette promotion, mais voilà que KFC utilise… un faux Colonel !

Mais… quelle expertise ont donc les gestionnaires de la marque KFC ? Il y a un monde de différence entre McDonald’s, qui a plusieurs personnificateurs de Ronald McDonald aux quatre coins de la planète, et KFC qui tente de faire croire en la résurrection du sympathique Colonel Harland Sanders… pourtant décédé en 1980 !

Tous les exemples de « mascarade », et notamment ceux mentionnés dans le film de Léa Pool (ex : American Express qui versait seulement 1 cent par transaction, peu importe leur importance…), illustrent qu’encore trop d’entreprises ne pensent encore qu’à leur propre profit, aux sens propre et figuré…

Nous sommes pourtant passés à l’ère des conversations entre les marques et les citoyens – et notamment ceux de la génération « Y » qui, à 90 %, trouvent important que les entreprises soutiennent une cause… à condition que ce soit pour vrai.

Souhaitons qu’à l’avenir, au Québec, il y ait davantage de Gary Carter et de Rémi Marcoux, et moins de pinkwashing