Oranges à Laurent, Pierre et Jean-René
Qui parle à qui ?
Le clientélisme consiste à s’adresser à des publics précis afin d’augmenter un impact. Il s’agit d’une stratégie que les partis politiques et les gouvernements pratiquent de plus en plus, en misant sur des banques de données souvent très sophistiqués.
Ceux et celles qui aiment Barack Obama disent qu’il a su « bien s’organiser » pour déjouer les pronostics et devenir président des États-Unis. Son successeur fait la même chose – mais il pousse le concept à la limite de l’absurde – en gouvernant uniquement dans l’intérêt des sympathisants républicains.
Au Québec, durant cette crise, qui parle à qui ?
François Legault – dont les Québécois distinguent encore sa cote de popularité des problèmes récurrents dans les soins apportés à nos ainés – parle à tous les publics :
· les ainés et leurs enfants qui ne peuvent plus, momentanément, être des proches aidants;
· le personnel dans le système de la santé;
· les « bras » qu’il interpelle pour aider dans les CHSLD et les champs;
· les détaillants et leurs employés;
· les enfants et les adolescents;
· les gens d’affaires;
· les associations patronales et syndicales;
· le personnel dans les garderies et les écoles;
· etc.
Durant cette crise, le Premier ministre ne fait pas de clientélisme. Il dirige le Québec avec empathie, comme si la vie des membres de sa propre famille était en jeu à tous les jours.
Toutefois, la couverture médiatique des dernières semaines nous montre les couleurs de nombreux intervenants. Ainsi :
· Les associations patronales s’adressent aux gouvernements et à leurs membres. Uniquement. Elles dosent leurs pressions publiques entre leurs demandes pour de nouveaux fonds publics, un décloisonnement rapide et des félicitations. De façon générale, les médias accueillent favorablement leurs sorties publiques;
· Les syndicats font également pression sur les gouvernements et ciblent aussi leurs membres – souvent avec un ton revendicateur qui irrite dans les médias.
· Des élus vont rendre service auprès des ainés : certains en attirant les caméras sur eux, alors que d’autres le font en toute discrétion comme le ministre Lionel Carmant;
· D’innombrables universitaires, anciens politiciens et spécialistes de tout acabit profitent du besoin constant de contenu des médias en les alimentant de commentaires et de lettres d’opinion.
LES ASSOCIATIONS PATRONALES ET SYNDICALES FONT
PRESSION SUR LES GOUVERNEMENTS ET S’ADRESSENT À
LEURS MEMBRES. PAS AU GRAND PUBLIC. ET LA
COUVERTURE MÉDIATIQUE QU’ELLES OBTIENNENT EST
DIFFÉRENTE.
· À Laurent Duvernay-Tardif.
En voilà un qui a compris le principe des différents publics !
Dès le début de la pandémie, il a offert son aide aux gouvernements du Québec et du Canada. Depuis, on le voit continuellement nous rappeler, dans les médias, l’importance de respecter les consignes du confinement.
La semaine dernière, il a été brillant : en allant aider discrètement dans un CHSLD de la Montérégie, il a voulu minimiser son temps à parler aux médias.
Sa stratégie? Accorder une entrevue exclusive à Sports Illustrated! Présumons que son entourage a négocié la « une » et les photos à l’intérieur. Et il a placé ses messages clés avec la même aisance qu’il a aidé les Chiefs de Kansas City à remporter le Super Bowl!
Résultat: il s’est adressé à deux publics qui lui sont chers et qui ne consultent pas les mêmes médias : les Québécois et les fans des Chiefs aux États-Unis.
· À Pierre Fitzgibbon
Autant son arrivée en politique avait été difficile – on lui reprochait de s’appuyer sur les relations d’affaires de son ancienne vie – autant le ministre Pierre Fitzgibbon se révèle depuis le début de la pandémie.
Il est présent. Clair. Entièrement dédié au présent et à l’avenir pourtant imprévisible de l’économie. Et, il ose appeler un chat… un chat ! – comme dans cette entrevue avec Mario Dumont.
Il écoute les messages que lui passent les associations patronales et syndicales, tout en étant personnellement branché sur la réalité quotidienne des entreprises des différents secteurs de l’économie. C’est évident qu’il donne des coups de fil afin de tester les annonces qu’il s’apprête à faire!
· À Jean-René Dufort.
En tout temps – et particulièrement à ce moment-ci – le regard que pose l’animateur Infoman sur l’actualité est rafraichissant.
Jeudi dernier, il est allé emprunter un bâton au géant Shea Weber afin de l’utiliser comme… perche pour son micro !
SOURCE : RADIO-CANADA
Selon Mesure Média, le gain de réputation obtenu grâce à ce reportage par le Club de hockey Canadien est de 65 130 $. Pas mal pour un simple bâton… commandité!
· Aux responsables de la santé publique qui n’ont pas réalisé que tous les Québécois ne parlent pas français…
Ainsi, il a fallu que, dans des arrondissements multiculturels tels Côte-des-Neiges et Montréal-Nord, des organismes communautaires se débrouillent avec de l’aide extérieure – notamment un syndicat qui a fourni un camion avec porte-voix et haut-parleurs – pour aller donner les consignes de confinement en arabe, créole, etc…
· Avec RDS.
Les puristes du positionnement diront que le retour du Mini-Putt ne colle pas à l’image de RDS. Mais, tous ceux et celles qui ont été marqués par la description survoltée que faisait Serge Vleminckx des « Birrrrrrrdie !!!!! » se réjouiront.
Pour nostalgiques seulement. À écouter en savourant du « Comfort Food »…