Analyse de presse

Tops et flops médiatiques (2e moitié de 2016)

Par Caroline Roy   |   16 décembre 2016
analyse médiatique

Co-écrit par Pierre Gince, ARP et Caroline Roy, avec la collaboration d’Emmanuelle Rouillard.

Avant la dinde qui se fait de plus en plus sentir, l’équipe de Mesure Média profite de cette fin d’année pour dévoiler ses traditionnels tops et flops médiatiques.

En d’autres mots, la revue de ceux et celles qui ont haussé ou vu chuter leur réputation dans les médias en 2016.

En juin, nous avons publié les tops et flops de la première moitié de 2016. Dans ce billet, nous nous attardons donc sur l’été et l’automne.

Tops :

1) P.K. Subban et le supplice de la goutte

Même s’il a été échangé à Nashville le 29 juin dernier, P.K. Subban a su demeurer une vedette recherchée dans les médias québécois… au grand dam du CH, pour qui chacune des présences de son ex-joueur a sans doute eu l’effet du supplice de la goutte d’eau – une méthode de torture !

D’une visite à l’Hôpital de Montréal pour enfants à Just For Laughs, en passant par un défilé de mode ou une présence aussi soutenue que colorée dans les médias sociaux – sans oublier le documentaire Patiner droit devant, sur sa personne, diffusé à Canal D et RDS – 2016 fut une « année P.K. mur-à-mur » !

 

2) Le ministre Barrette ose manger dans un CHSLD…

De loin le ministre le plus médiatisé du gouvernement Couillard, le Dr Gaétan Barrette fut au cœur d’une «opération de relations publiques» inédite : la dégustation de repas qui devraient être servis dans l’avenir dans les CHSLD. Du moins, c’est ce que dit la promesse électorale.

Des serveurs portant le noeud papillon ont présenté de nouvelles versions des repas habituellement servis à nos aînés : tels de la lasagne passée au mélangeur… À classer dans la catégorie « Parlez de moi en mal ou en bien, mais parlez de moi ». Activité critiquée qui fera sans doute l’objet d’un « savoureux » sketch au prochain Bye Bye !

 

3) Ricardo : gentleman-trappeur et punk iroquois en France

Elle à Table Ricardo
Source : Elle à Table

En septembre, le magazine ELLE à Table en France a eu un véritable coup de cœur pour Ricardo et Montréal en leur consacrant pas moins de 21 pages, de quoi faire rayonner le « gentleman-trappeur ». Toutefois, par la suite, dans les médias traditionnels et sociaux, il a surtout été question des nombreux clichés…

Réjouissons-nous quand même, car si Ricardo et la Ville de Montréal avaient dû débourser pour acheter 21 pages dans cet important magazine vendu en France à une clientèle de qualité, la facture aurait été d’environ 450 000 $.
Mais mieux encore, le gain de réputation pour Ricardo et la Ville de Montréal est de 1 039 875 $ *. L’écart favorable est donc de 134 %, ce qui est largement au-dessus de notre seuil moyen de 50 %.

 

 

4) Safia Nolin, découverte de l’année

Safia Nolin
Source : Voir

Il aura suffi qu’elle aille recevoir un prix au dernier gala de l’ADISQ devant des centaines de milliers de téléspectateurs qui ne la connaissaient pas pour que cette chanteuse qui assume son audace et sa différence fasse la manchette et vende par la suite ses albums à la tonne.

Et à la suite de la controverse, le magazine Voir a eu une brillante idée : consacrer sa une de décembre à Safia Nolin en tenue de soirée ! Regardez bien ses doigts…

Son gain de réputation sur la une du Voir : 38 650 $ *.

 

5) Jérémy Gabriel contre Mike Ward

Jeremy Gabriel
Source : Radio-Canada

Cet adolescent québécois, qui en avait assez d’être ridiculisé, a fait valoir ses droits en poursuivant l’humoriste Mike Ward qui l’avait ramené sur la place publique. Presque toujours silencieux, le jeune homme a choisi de donner sa version des faits au public dans deux entrevues : aux Francs Tireurs et à Tout le monde en parle.

Gain de réputation pour Jérémy Gabriel à TLMEP : 290 000 $ *. L’écart favorable est de 60 %, ce qui est légèrement au-dessus de notre seuil moyen de 50 %.

 

Mention spéciale (ils auraient pu mériter une place parmi les tops)

– Le rayonnement de Justin

Que ce soit dans le métro de Montréal ou lors de grandes rencontres internationales, Justin « Selfie » Trudeau a assurément redoré le blason de la profession de Premier ministre. Il incarne ce qu’une majorité de Canadiens attendaient de lui, ce qui explique que la lune de miel se poursuit.

– Le retour des Pokémons

Qui aurait cru au retour des Pokémons il y a un an ? Personne. Pourtant, ils ont causé une hystérie numérique collective en plein cœur de l’été. La pointe de médiatisation a été atteinte le 18 juillet avec plus de 1 400 mentions dans les médias canadiens !

– Parlant de retour… Rambo « Trump » Gauthier

Outre Xavier Dolan, peu de personnalités se voient décerner une place parmi les tops médiatiques durant deux années consécutives. C’est pourtant le cas du syndicaliste – et depuis peu politicien – Rambo Gauthier, qui s’était démarqué en 2015 à la Commission Charbonneau (on se rappelle les porte-clés à son effigie…). À la fin 2016, Rambo marque à nouveau le coup en lançant, cette fois, son nouveau parti politique en direct ni plus, ni moins de la tribune de la presse à Québec. On le surnomme déjà Rambo « Trump » Gauthier…

 

Flops :

1- Stupeur et tremblements : Donald Trump gagne la présidentielle

Parmi les flops majeurs de 2016, il faut souligner les sondages et les observateurs politiques qui n’ont pas su prédire l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Deuxième flop, les éditoriaux des grands quotidiens américains – NY Times, Washington Post, LA Times, Boston Globe, etc. – qui ont tous appuyé la candidature de Mme Clinton. Une preuve de la perte d’influence de ces grands quotidiens au détriment des fausses nouvelles…

Néanmoins, les médias américains nous ont quand même offert une piste d’explication pour l’élection de M. Trump. Comme on l’observe souvent, c’est le candidat le plus médiatisé au cours de la campagne qui a été élu…

 

 

2- #cultureduviol : Gerry Sklavounos vs Alice Paquet

Parmi les trop nombreuses tuiles et crises qui se sont abattues sur le gouvernement Couillard en 2016, celle-là était imprévisible. Dans la foulée d’agressions à l’Université Laval, l’étudiante Alice Paquet révèle avoir été agressée par un député de l’Assemblée nationale. Quelques heures plus tard, Gerry Sklavounos a été exclu du caucus libéral. Il n’a pas été revu depuis… Pour sa part, Alice Paquet a multiplié les entrevues dans les médias pour dénoncer son agresseur. Cette visibilité accrue et les différentes versions des faits offertes aux médias pourraient toutefois lui nuire pour la suite des choses…

 

3- L’Université Laval échappe sa gestion de crise

Malgré une quarantaine d’employés aux communications et un contrat d’un demi-million avec une firme de relations publiques, l’Université Laval a échappé la gestion de la crise après une vague d’agressions sur des femmes dans ses résidences. Le recteur Denis Brière a semblé banaliser les événements et estime avoir bien géré la crise. Devant les journalistes, il s’est même accordé la note de 9,5 sur 10 !

Une analyse de la couverture médiatique de cette crise nous révèle plusieurs déficits de réputation pour l’Université dans cette histoire. Et différentes pistes d’action pour rétablir cette réputation.

 

4- La police écorchée par les journalistes

Dure journée d’Halloween pour les policiers… La Une de La Presse + du 31 octobre nous révélait que le journaliste Patrick Lagacé avait été espionné par le SPVM. Toute la journée, le reporter vedette a multiplié les entrevues pour défendre la protection des sources pour les journalistes. Pendant ce temps, la police était muette. Il a fallu attendre les bulletins d’information de fin de journée pour entendre le point de presse du chef du SPVM…

  • Gain de réputation des journalistes et de Patrick Lagacé en une de La Presse + : 69 525 $ *
  • Déficit de réputation du SPVM pour cette même une : – 61 560 $ *
Patrick Lagacé
Source : La Presse +

 

5- Le fameux John Doe et la filature ratée de Julie Snyder

Pour animer nos étés, nos médias ont pu compter cette année sur une mystérieuse filature à l’endroit de l’animatrice Julie Snyder. Pouvait-on demander mieux en matière d’histoires croustillantes ? Les journalistes nous ont offert plusieurs reportages énigmatiques sur ce fameux John Doe, soit l’individu ou l’entreprise qui a octroyé le mandat de la filature.

Seule Julie Snyder connaît l’identité de John Doe après des démarches juridiques. La palme du reportage revient toutefois à Infoman qui a osé demander aux candidats à la chefferie du PQ s’ils avaient l’appui de John Doe…

 

Mentions spéciales :

– « Salut, salut ! » à Jean Lapierre

Le décès subit du commentateur politique Jean Lapierre a créé un énorme vide dans les médias… et dans le cœur de nombreux auditeurs et téléspectateurs sur plusieurs chaînes.

– Le gouvernement Couillard : toujours en mode crise

Après un hiver et un printemps pourris, dont nous avons fait état dans notre première édition des tops et flops 2016, le gouvernement libéral a continué à enchaîner les crises cet automne : controverse avec le ministre des Transports Laurent Lessard, la SIQ, les autochtones, etc.

 

BONNE ANNÉE 2017 !

 

* Selon notre outil d’évaluation des médias mesure [d]