Les tops et les flops médiatiques (1ère moitié de 2017)
Alors que le soleil ose enfin se pointer le bout du nez et que la saison des vacances débute, Mesure Média récidive pour décerner ses fameux tops et flops médiatiques pour les six premiers mois de l’année 2017.
Les Tops
1 – Barack Obama à Montréal
En juin, Montréal a accueilli nul autre que Barack Obama. En invitant le 44e Président des États-Unis à sa tribune, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain poursuivait un double objectif : tenir un événement marquant (et rentable) et attirer vers Montréal l’attention des médias de tout le Québec et, surtout, de l’international.
Chose promise, chose faite : durant 36 heures, 83 % des retombées médiatiques sur Montréal dans le monde portaient sur cette activité – ce qui est énorme pour une destination qui travaille continuellement à attirer des touristes et des gens d’affaires.
2 – Québec Solidaire et GND
Pour un parti qui ne compte que 3 députés à l’Assemblée nationale, Québec Solidaire a su être très bien médiatisé depuis le début de l’année 2017 : Manon Massé qui évite la destruction de sa circonscription, Françoise David qui annonce son départ sous les hommages et, surtout, l’arrivée de l’enfant prodige Gabriel Nadeau-Dubois, alias GND, désormais député de Gouin.
Durant l’hiver, l’ex-leader étudiant a eu droit à son moment de gloire à Tout le monde en parle. Durant près de 17 minutes, Gabriel Nadeau-Dubois a défilé avec aisance ses messages-clés, ce qui lui a valu un gain de réputation exceptionnel de 1 030 250 $.
Signe additionnel de l’élan médiatique de ce parti: QS avait récolté 142 304 $ en dons, le 30 avril 2017, soit près du double des 71 843 $ amassés durant la même période l’an dernier. Et 6 000 nouveaux membres ont joint le parti.
3 – P.K. Subban: encore !
Que seraient les tops et les flops médiatiques sans une mention sur le hockey ?
Les Montréalais – et notamment les jeunes patients de l’Hôpital pour enfants – ont passé bien près de toucher à la Coupe Stanley cet été. Malheureusement pour les partisans de P.K., les Predators ont été battus en finale de la Coupe Stanley…
Même s’il ne joue plus avec le CH, la popularité de P.K. Subban ne fait aucun doute au Québec. La preuve : jusqu’à 1,222 million de téléspectateurs ont regardé l’ultime match entre les Predators et les Penguins sur TVA Sports, qui peut remercier PK Subban pour ce record d’auditoire !
4 – Alex Harvey fait la une
Cet hiver, le fondeur Alex Harvey a remporté l’épreuve de 50 km style libre au Championnat du monde disputé en Finlande. Selon son père – l’ex-athlète olympique Pierre Harvey – cette compétition ne constitue rien de moins que « la coupe Stanley des Norvégiens » !
Se retrouver à la une d’un quotidien avec une bonne nouvelle est loin d’être évident. Or, le fait est tellement exceptionnel qu’Alex Harvey s’est retrouvé à la une de huit quotidiens québécois… le même jour ! Pour un athlète amateur et ses commanditaires, c’est extraordinaire ! 170 005 $ : c’est le gain total de réputation d’Alex Harvey seulement pour sa présence sur les 8 unes à la suite de sa victoire.
5 – Sylvain Bellemare et son Oscar
Les artisans québécois du cinéma continuent de rayonner à l’international. L’une des recrues est Sylvain Bellemare, qui a gagné l’Oscar du meilleur montage sonore pour le film L’arrivée (Arrival), de Denis Villeneuve. Durant ses remerciements, Sylvain Bellemare a lancé un « Salut, Montréal » bien franc tout en vantant la qualité des équipes techniques d’ici.
Grâce à cette visibilité exceptionnelle, ce « Salut Montréal ! » a valu 6,2 millions de dollars en gain de réputation pour la « marque Montréal ».
6 – Marc Bergevin rayonne… finalement !
Critiqué par d’innombrables partisans qui croient qu’ils pourraient faire mieux que lui comme DG du CH – lui reprochant notamment que P.K. (encore lui !) ait joué plus longtemps en séries que Shea Weber – Marc Bergevin est pourtant devenu un héros, le 15 juin.
Tel un magicien, Bergevin est allé chercher Jonathan Drouin à Tampa Bay en retour d’une recrue qui n’avait pas encore fait ses preuves.
En quelques heures, plus de 2 000 retombées ont parlé de cette transaction dans les médias du Canada – et c’est sans compter la couverture de presse favorable portant sur le Canadien, passablement actif des derniers jours.
Les flops
1 – Bombardier: l’affaire (ou le cadeau?) du 48%
Pendant neuf jours – une éternité pour les gestionnaires de crise et ceux qui en subissent une –, la marque Bombardier s’est retrouvée condamnée, à la fin mars, au tribunal de l’opinion publique québécoise.
Comme une traînée de poudre, « l’Affaire du 48 % de Bombardier », soit des hausses de salaire de 48 % pour six hauts dirigeants, a pris d’assaut à peu près tous les médias traditionnels et sociaux au Canada. En quelques jours, près de 5 000 retombées de presse avaient traité du sujet au Québec ! Il s’agit d’un volume exceptionnel de retombées négatives pour une entreprise québécoise.
2 – Les problèmes d’eau chaude de Michaëlle Jean
Venue à Montréal afin de participer à un événement, l’ex journaliste et Gouverneure générale du Canada Michaëlle Jean – aujourd’hui Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) – fut d’abord prise à partie par le Journal de Montréal.
Grâce à un dossier explosif, le JdeM démontrait les coûts exorbitants de la rénovation de l’appartement qui lui est prêté à Paris. De nombreux autres médias ont pris le relais.
Sur un ton précieux qui a choqué le public payeur de taxes et de rénovations d’appartements de fonction, elle s’est défendu de ne pas être une princesse… Et c’est sans compter les 500 mètres qu’elle a faits en limousine, entre l’Hôtel Bonaventure et… la Place Bonaventure !
Serge Chapleau, dans La Presse+, s’en est donné à cœur joie. Déficit de députation de -47 415 $ pour Michaëlle Jean, uniquement avec cette caricature. Imaginons la valeur négative de tout son séjour…
Après les crises Bombardier et Michaëlle Jean, les flops médiatiques qui suivent ont presque l’air de « crisettes ». Et pourtant…
3 – La sortie de United Airlines
Décidément, le secteur aérien a souffert en cette première moitié de 2017. La compagnie américaine United Airlines s’est retrouvé dans l’embarras – le mot est faible – pour avoir sorti violemment un passager d’un avion pour cause de surréservation sur le vol. Plusieurs vidéos de l’incident ont fait le tour des médias sociaux. Sur YouTube, l’une d’elles a été vue par 4 millions d’internautes !
Le PDG de United Airlines a mis 48 heures avant de s’excuser – une éternité en cette ère de nouvelles instantanées sur les réseaux sociaux et les chaînes télé. Bref, qui veut aujourd’hui acheter un billet d’avion sur United Airlines ?
4 – La ?*&V!$# de température
Après le hockey et la politique, la météo est le 3e sport national dans nos médias.
La première moitié de 2017 ne nous a pas épargné alors que des inondations ont touché plusieurs régions du Québec où l’on a vu un bel élan de solidarité, n’en déplaise à M. Potter, ex-directeur de l’Institut d’études canadiennes de McGill.
Mais le flop magistral côté météo revient au fiasco de l’autoroute 13 à Montréal alors que 300 automobilistes y ont été bloqués toute une nuit pendant la grosse tempête de neige de la mi-mars.
Sur le terrain, les autorités de Transports Québec et les policiers ont failli à la tâche. Dans les jours suivants, La Presse + nous apprenait que le capitaine de la SQ, chargé de l’A13, était chez le notaire pour ses propriétés immobilières durant les premières heures de la congestion routière. Rien pour améliorer l’image des policiers…
5 – Inauguration de Donald Trump et l’ère des alternative facts
Les premiers mois de Donald Trump à la présidence des États-Unis constituent un flop médiatique sans précédent. Par où commencer ?
Par le début, soit l’inauguration du président Trump en janvier. L’événement a reçu une couverture médiatique mondiale. L’un des éléments qui a retenu l’attention, ce sont les photos comparant l’assistance à l’inauguration de Barack Obama à celle de Donald Trump.
Alors que la nouvelle administration américaine affirmait avoir brisé un record de foule à l’inauguration de M. Trump, les images parlaient d’elles-mêmes… À gauche, l’inauguration d’Obama. À droite, l’inauguration de Trump.
Une porte-parole de M. Trump, Kellyanne Conway, a avoué que cette affirmation – pour ne pas dire mensonge – était, en réalité, des faits alternatifs (alternative facts)… Aussitôt, l’expression fut consacrée et a été utilisée plus de 40 000 fois dans les médias à travers le monde depuis le début de l’année (selon les sources disponibles dans Eureka.cc) !
6 – Jean Charest, sous la loupe de l’UPAC
Pour la Xième fois, les faiblesses éthiques sont venues hanter le gouvernement Couillard ce printemps.
À la fin avril, les médias de Québecor ont diffusé une enquête explosive dévoilant que l’ex Premier ministre Jean Charest et l’argentier du PLQ, Marc Bibeau, ont été sous surveillance de l’UPAC jusqu’en 2016. Les reportages nous montraient même la fiche policière de l’ex-premier ministre… Du jamais vu !
Les libéraux – Jean-Marc Fournier en tête – ont attaqué le biais politique des médias de Québecor, mais le mal était fait… La « une » du Journal de Montréal représente un déficit de réputation de -135 995 $ pour Jean Charest et la « marque » PLQ.
Le 15 juin, c’était au tour de La Presse + d’y aller de son propre dossier. La journaliste d’enquête Kathleen Lévesque faisait état d’un « pont d’or » dont aurait bénéficié M. Charest pour passer d’Ottawa à Québec.
Sur ce, bon été !
Note : Après avoir déterminé le coût publicitaire avant négociation d’une retombée de presse, nous évaluons différentes variables d’analyse afin d’établir le gain ou le déficit de réputation de la retombée. Le gain ou le déficit de réputation (en dollars) d’une retombée est calculé à partir de plusieurs critères quantitatifs et qualitatifs pondérés, dont le traitement journalistique accordé au message ainsi que les aspects graphiques et visuels.