Bon coup médiatique : la vaccination
Depuis environ trois semaines, les élus, gestionnaires de la santé publique et communicateurs des gouvernements du Québec et du Canada doivent certainement sauter de joie.
Pourquoi ? Parce qu’une campagne médiatique spontanée a vu le jour : des personnalités de tous les milieux s’affichent dans les médias sociaux, la manche du T-Shirt relevée en train de se faire vacciner !
C’est assurément plus efficace que les innombrables messages publicitaires que l’on trouve partout dans les médias sociaux et traditionnels et que l’on ne regarde plus depuis longtemps…
Clic !
Il y a déjà quelques mois, soit au début de la campagne, ce sont des personnes inconnues du grand public qui ont reçu leur vaccin : « la première au Canada », disaient les médias. « La première à Laval », etc.
Puis, à compter du mois de mars, ce sont des personnalités âgées et influentes – telles Janette Bertrand – qui ont reçu leur vaccin devant les caméras. Ce n’est pas un hasard… Madame Bertrand – qui sait rejoindre et toucher des gens de tous les âges – a lancé un vibrant cri du cœur : « Je veux vivre ! ». Et, sans surprise pour les communicateurs du gouvernement du Québec, les sites de vaccination se sont remplis !
L’effet d’entrainement grâce à des personnalités a pris diverses formes. Ainsi, le CIUSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec a initié la campagne Comptez sur moi.
Puis, est arrivé ce qui était prévisible :
LES JEUNES ET COOL ENTRE 40 ET 60 ANS ONT COMMENCÉ À SE FAIRE VACCINER, ET LEURS « SELFIES » SE SONT MULTIPLIÉS !
Et, surveillez bien l’avalanche qui s’en vient… lorsque tous les jeunes de 15 ans et plus pourront se faire vacciner à leur tour !
« Démarche de guerre » et… égo
De tout temps, l’appui des tiers à un enjeu – le Third Party Endorsement – a fait partie des stratégies de communication. C’est le cas ici, tout comme ce l’est également pour Edith Cochrane et Emmanuel Bilodeau qui font la promotion de l’autosuffisance.
Ça consiste en quoi, de la part des spécialistes de la communication ?
- souhaiter que des gens influents dans leur milieu – pas nécessairement des personnalités publiques – appuient la cause que vous mettez de l’avant
- leur proposer de l’affirmer autour d’eux et dans les médias en leur faisant valoir leurs propres intérêts
- et surtout – surtout ! – ne pas leur mettre de pression, ce qui pourrait provoquer l’effet contraire !
Par exemple, les communicateurs du gouvernement du Québec n’ont certainement pas osé approcher Guy-A. Lepage pour lui demander d’affirmer publiquement qu’il était vacciné ! Idem pour Pierre Bruneau. Pour Julie Le Breton. Et, pour le président de la Chambre de commerce du Montréal Métropolitain, Michel Leblanc, et de très nombreux autres.
Dans ce cas-ci, des présentateurs de nouvelles – toujours neutres et à l’extérieur de celles-ci – se sont affichés publiquement. C’est la preuve que leur démarche s’inscrit dans ce qu’ils et elles considèrent comme une « démarche de guerre ».
Et, pourquoi tant de personnalités l’ont fait, principalement avec leur téléphone et leurs comptes Twitter, Facebook, LinkedIn, Instagram et TikTok ? Pour un mélange « d’effort de guerre » et… d’égo – à des doses différentes pour chacune et chacun.
Combien ?
Publier sur les médias sociaux est devenu un geste tellement simple et banal qu’il est facile d’en oublier l’impact – tant sur la vie des personnes – avec des propos blessants – que sur la réputation des organisations, des entreprises et des personnalités.
CHAQUE PUBLICATION SUR TWITTER, FACEBOOK, LINKEDIN, INSTAGRAM, TIKTOK, ETC. GÈNÈRE UN GAIN OU UN DÉFICIT DE RÉPUTATION ET UN SCORE DE PERFORMANCE.
Voici quelques exemples de prises de parole spontanées de la part de personnalités :
À retenir :
- Tout ce qui se dit et s’écrit en appui à un enjeu – le Third Party Endorsement – contribue au gain de réputation et au score de performance. L’inverse est aussi vrai…
- Ces appuis doivent jaillir naturellement. Il est très risqué d’insister pour en obtenir !