Analyse de presse

Bons et mauvais coups médiatiques de la pandémie

Par Pierre Gince, PRP, ARP, FSCRP   |   7 mars 2022

 

C’était il y a deux ans… ou moins. Rappelons-nous la candeur du bon docteur Arruda… Justin Trudeau qui enchainait machinalement les messages clés… l’empathie de François Legault malgré l’urgence d’agir… les journalistes qui se sont fait critiquer par le public parce qu’ils posaient des questions serrées… etc.

À travers tous les aspects négatifs de la pandémie, l’importance d’une communication stratégique, réfléchie et bien exécutée – malgré toutes sortes d’embûches – a été mille fois démontrée.

Sources des visuels : journalmetro.com, lesoleil.com, lapresse.ca, tvanouvelles.ca

Deux ans plus tard, quelles leçons de communication peut-on retenir ? Elles sont nombreuses. En voici quelques-unes qui peuvent être appliquées dans toutes autres circonstances:

Communiquer, même quand le contexte est imparfait

Partout dans le monde, les gouvernements n’ont pas hésité à faire face à leurs principales responsabilités qui consistent à informer et… à rassurer.

À Ottawa, à Toronto et à Québec, notamment, les premiers ministres Trudeau, Ford et Legault et les principales personnes-clé en santé publique autour d’eux se sont imposés, chacun et chacune selon leur personnalité.

Ainsi, le Premier ministre du Canada s’est souvent présenté seul devant les médias, contrairement à ses homologues du Québec et de l’Ontario. Et, même s’ils n’avaient que rarement des réponses à toutes les questions des journalistes, ils ont fourni les informations disponibles, et complété par la suite.

Réinventer les façons de faire

« Réinventer » a été plus qu’un verbe populaire. Il a pris la forme de très nombreuses conférences de presse – à 13 heures, 15 heures et 17 heures, selon l’importance du sujet : d’abord avec le trio François Legault-Danielle McCann-Horacio Arruda, avant les remplacements par le ministre Christian Dubé et le Dr Luc Boileau.

TRÈS POPULAIRES, CES CONFÉRENCES DE PRESSE ONT ÉTÉ SURNOMMÉES « DISTRICT 13 » !

Source du visuel : Journal de Montréal

LES GAINS DE RÉPUTATION DE L’ORDRE DE 150 % SUR 200 % AU BÉNÉFICE DU GOUVERNEMENT DU QUÉBEC ONT ÉTÉ PLUS NOMBREUX EN 2020 QUE PAR LA SUITE.

Faire face aux tempêtes

Présence, ton solennel, empathie et engagement à des changements : les premiers ministres ont très souvent donné l’exemple dans les médias sociaux et traditionnels.

Depuis deux ans, la tragédie survenue au CHSLD Herron a généré les pires scores de performances au gouvernement Legault, soit souvent -175 %. De son côté, la marque « CHSLD Herron » a très souvent touché le fond…
Source du visuel : YouTube
C’est cet enjeu qui a engendré une relation hostile entre le Premier ministre Legault et le journaliste Aaron Derfel, de The Gazette.
Source du visuel : The Gazette

Vulgariser

Tout ce qui pouvait être dit et écrit de gentil et de méchant à propos du Dr Horacio Arruda l’a été, partout dans les médias traditionnels et sociaux.

Sorti de son bureau de directeur national de la Santé publique, il est devenu une vedette instantanée : il était de tous les points de presse du gouvernement Legault, s’est retrouvé à la une de L’actualité, a partagé sa recette de tartelettes portugaises et – consécration ultime – il a été personnifié au Bye Bye!

Rappelons-nous lorsqu’il a expliqué qu’il fallait aplatir la courbe de la contagion…

Comment expliquer la si grande popularité du Dr Arruda et… sa glissade ? Une grande proportion de Québécoises et de Québécois se sont reconnus dans son côté latin, sa bonne foi et… à l’occasion, ses incohérences.

Multiplier

Quand ça va bien – et encore plus quand ça mal – les leaders doivent être en mesure de rallier. Et, pour y arriver avec succès, le rôle des multiplicateurs est particulièrement important.

Rappelons-nous l’effet d’entrainement des « selfie » lorsque des personnalités et des gens de tous les milieux publiaient leur photo en train de se faire vacciner…

Mesurer, pour s’améliorer

La question nous est souvent posée : doit-on mesurer aussi les déficits de réputation ?

Poser la question, c’est y répondre.

LES DONNÉES PORTANT SUR LES DÉFICITS DE RÉPUTATION SONT AUSSI RICHES DE PISTES DE SOLUTION QUE CELLES PORTANT SUR LES GAINS.

Ainsi, la réputation des Premiers ministres Legault et Trudeau et celles de leurs ministres les plus médiatisés – sans oublier celles des experts en santé publique – ont monté et descendu comme au jeu « Serpents et échelles », en fonction des enjeux.

Il pourrait être pertinent de creuser des enjeux spécifiques puisque les données quantitatives et qualitatives existent :

    • quelle est la tonalité portant sur l’enjeu « ventilation dans les écoles » selon différents intervenants : le Premier ministre Legault, le ministre Jean-François Roberge, les porte-parole des partis d’opposition, la FAE, la FSE-CSQ, etc. ?
    • depuis trois mois, quels scores de performance ont été générés envers le gouvernement du Québec dans les médias de Montréal, Québec et les autres principaux marchés ?
    • en 2022, quels sont les trois enjeux qui ont suscité les « moins pires déficits de réputation » liés à la pandémie envers le gouvernement du Québec?
    • quelles sont les différences les plus marquées dans la couverture médiatique portant sur les Dr Horacio Arruda et Luc Boileau ?
    • etc.
Malgré l’impression générale, la médiatisation du Dr Arruda n’a pas toujours été constante – ce que confirment des données.
Méconnu du grand public, le Dr Luc Boileau est devenu – du jour au lendemain, comme le Dr Arruda – une personnalité publique.

Parallèlement…

Des spécialistes de la santé sont apparus rapidement dans le paysage médiatique, à titre d’experts, et plusieurs y sont encore présents.

C’est le cas du Dr François Marquis, de Maisonneuve-Rosemont. Il a même eu droit à une parodie de la part de l’unique Marc Labrèche !

À retenir :

  • En importance, une pandémie dépasse toute autre crise que pourrait connaitre votre organisation. Mais, les principes de gestion sont les mêmes…