Analyse de presse

Campagne électorale : qui a gagné la 2e semaine ?

Par Caroline Roy   |   12 août 2015
prime minster

Alors que la poussière du premier débat des chefs retombe, la 2e semaine de la campagne électorale reste en mode estival. La machine médiatique ne s’emballe pas encore. Et les journalistes attendent impatiemment des révélations chocs de l’ex-chef de cabinet de Stephen Harper, Nigel Wright, au procès Duffy.

Quels ont été les gains et les déficits médiatiques des derniers jours?

Les gains :

1- La FTQ appuie le NPD, mais largue-t-elle le Bloc ?

En une de La Presse ce mardi, on y allait d’un titre-choc : « La FTQ largue le Bloc » pour appuyer le NPD. Si Tom Mulcair avait toute les raisons de sourire, Gilles Duceppe, lui, devait rager.

De son côté, le secrétaire général de la FTQ, Serge Cadieux, a multiplié les entrevues pour dire que sa centrale n’abandonnait pas le Bloc, mais qu’elle appuyait plutôt les candidats les plus susceptibles de battre les conservateurs. « Damage control », comme on dit en bon français…

Toujours est-il que cette nouvelle publiée dans La Presse + a rapporté un gain de réputation de 40 030 $* pour le NPD, selon notre outil d’évaluation des médias mesure [d].

Pour le Bloc québécois, ce même article représente plutôt un déficit de réputation de -15 705 $.

 

2- Elizabeth May sort de l’ombre

La chef du Parti Vert, Elizabeth May, est sortie grande gagnante du débat sur le débat. Mme May a reçu plusieurs commentaires positifs dans les médias après sa performance au premier débat des chefs.

Un bon départ de campagne qui lui permet d’augmenter sa visibilité médiatique. Dans les jours qui ont suivi le débat, Mme May a obtenu trois fois plus de mentions dans les journaux et sites web canadiens par rapport aux premiers jours de campagne.

 

3- De l’économie au terrorisme

Seul chef à faire campagne en avion et en autobus, Stephen Harper dicte encore les thèmes des promesses du jour.

Si le premier ministre sortant nous a fait quelques promesses à saveur économique la semaine dernière, il a opté pour le thème de la sécurité et du terrorisme pour cette 2e semaine de campagne.

Sa volonté de mettre fin au « tourisme terrorisme » s’est retrouvé en une du National Post et du Toronto Star deux jours consécutifs. Cette annonce controversée force tous les partis à réagir, permettant à la nouvelle de rester dans l’actualité plus de 24 heures. Une longévité rare pour une promesse de campagne électorale.

 

4- Justin Trudeau en visite au Québec

Justin Trudeau était de passage au Québec en début de semaine. Il en a profité pour visiter son comté de Papineau et pour jouer à la cachette dans un parc, nous apprend une photo publiée sur Twitter.

Justin Trudeau campagne électorale

Surtout, Justin Trudeau a tenté d’augmenter sa visibilité médiatique dans la belle province. Il a offert une entrevue exclusive au TVA 17h, au cours de laquelle le chef d’antenne Pierre Bruneau lui a reproché d’entendre juste une cassette… Malgré tout, cette entrevue vaut à M. Trudeau un gain de réputation de 13 710 $*.

 

Les déficits :

1- Un lancement sous le signe des manifestants

Tom Mulcair aurait sans doute préféré éviter les manifestants au lancement à Toronto de son autobiographie, Le courage de ses convictions. Près de 75 % des articles publiés dans les journaux et sites web canadiens ont mentionné la présence de manifestants à l’événement.

Par le fait même, c’est aussi tout l’enjeu de la position de M. Mulcair et de son parti sur le pétrole des sables bitumineux qui est revenu le hanter.

 

2- Le français en arrache

Les fautes de français sur les pancartes et publicités électorales se multiplient. Il s’agit sans doute d’un signe que la campagne a débuté sur les chapeaux de roue.

Les partis doivent aussi alimenter rapidement la machine médiatique, ce qui provoque des erreurs… Dans les minutes qui ont suivi le débat jeudi dernier, les Conservateurs ont lancé sur les médias sociaux une pub vantant la victoire de leur chef, qui est devenu le « Prime Minster (sic) » pour l’occasion.

prime minster
Le blogue électoral du Devoir recense les principales fautes de français répertoriées jusqu’à maintenant. Décourageant !

 

3- Stephen Harper au Pôle Nord, Nigel Wright au procès Duffy

Selon ses adversaires, Stephen Harper est parti se cacher dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut pendant que son ex-chef de cabinet, Nigel Wright, comparaît au procès de Mike Duffy.

Caché ou non, des journalistes suivent M. Harper dans son avion de campagne. Le premier ministre sortant n’y échappera point.

Jusqu’à maintenant, M. Harper n’enregistre aucun déficit de réputation majeur avec le témoignage de Nigel Wright. S’en tirera-t-il indemne ? Ou Nigel Wright offrira-t-il des munitions aux partis de l’opposition pour leur permettre de dominer pleinement l’agenda de la campagne ?

À suivre la semaine prochaine…

 

4- Les élections détrônées par le fameux mariage

mariage PKP Julie Snyder
National Post

Le mariage entre Pierre Karl Péladeau et l’animatrice Julie Snyder sera célébré ce samedi. Trois jours avant la cérémonie, la nouvelle était déjà en une du National Post. Petit conseil aux chefs de partis et aux candidats en campagne : oubliez les grosses annonces samedi prochain. Reposez-vous : les médias n’en auront que pour le mariage PKP et Julie Snyder.

* Après avoir déterminé le coût publicitaire avant négociation d’une retombée de presse, mesure [d] évalue différentes variables d’analyse afin d’établir le gain ou le déficit de réputation de la retombée. Le gain ou le déficit de réputation (en dollars) d’une retombée est calculé à partir de plusieurs critères quantitatifs et qualitatifs pondérés, dont le traitement journalistique accordé au message ainsi que les aspects graphiques et visuels.