Analyse de presse

Campagne électorale : une sixième semaine en mode accélération

Par Caroline Roy   |   9 septembre 2015

Avec la collaboration de Pierre Gince et Youssef Amane

Les vacances et la Fête du travail sont derrière nous : la campagne peut passer en 5e vitesse. Alors que de nouvelles publicités électorales arrivent en ondes, les chefs défilent chez Peter Mansbridge et les partis organisent des rassemblements de campagne plus imposants.

Les gains :

1- Les chefs défilent devant Peter Mansbridge

C’est la semaine durant laquelle les chefs défilent devant le chef d’antenne vedette de la CBC, Peter Mansbridge. Jusqu’à maintenant, les chefs s’en tirent sans trop d’égratignures. Ces entrevues sont toutefois préenregistrées quelques jours avant leur diffusion. Les sujets chauds du jour ne se retrouvent pas dans ces entretiens. Dommage… Dans le dossier des migrants, les chefs Justin Trudeau et Stephen Harper n’ont pas pu exprimer leur pleine opinion sur ce sujet.

 

2- Après la CAQ, le NPD

Dans la catégorie des nouvelles que l’on n’avait pas vu venir… Jacques Duchesneau appuie le NPD. L’ex-député de la CAQ à l’Assemblée nationale a participé à un rassemblement partisan du NPD à Montréal en début de semaine. « On a un chef extraordinaire », a affirmé M. Duchesneau à l’endroit de Tom Mulcair. Même si la CAQ et le NPD ne véhiculent pas le même message économique, M. Duchesneau soutient se joindre aux néo-démocrates à la suite de la crise des migrants. Cette nouvelle, publiée notamment dans La Presse +, vaut un gain de réputation de 25 895 $ pour le NPD, selon l’outil mesure [d].

 

3-La guerre des ondes prend forme

C’est le cas chaque élection : les partis dépensent des fortunes en publicité. D’ici au 19 octobre, MM. Harper, Mulcair et Trudeau tenteront de se faire connaître – soit personnellement ou leur plateforme – par les électeurs qui se rendront aux urnes. La présence publicitaire sur les médias sociaux prend également beaucoup plus de place en 2015 que lors de toute autre élection auparavant.

Avec les sondages qui montrent que les chefs sont nez à nez, on peut s’attendre à ce que le ton monte d’ici la fin de la campagne. Bien que le ton soit parfois rude, il faut tout de même admettre que nous sommes bien loin des publicités négatives qu’on retrouve chez nos voisins du sud !

 

4- Lancement de campagne du Bloc

Même s’il soutient être bien couvert en région, Gilles Duceppe et le Bloc québécois n’ont pas eu une visibilité maximale dans les médias nationaux depuis le début de la campagne. Le chef du Bloc a profité de la Fête du travail, journée plus tranquille dans les médias, pour tenir son conseil général électoral à Montréal. Cette stratégie lui a assuré une présence dans les bulletins de nouvelles du jour et des entrevues aux émissions matinales à la radio, mardi matin.

 

Les déficits :

1- La gestion de l’enjeu des migrants

Chris Alexander

Tout en étant candidats aux élections du 19 octobre prochain, Stephen Harper occupe tout de même ses fonctions de Premier ministre, et ses ministres et les députés de tous les partis demeurent également titulaires de leurs fonctions.

La crise des migrants – qui a pris l’image du corps d’un enfant noyé dans le naufrage d’embarcations – est venue perturber la campagne de tous les partis. Alors que MM. Mulcair et Trudeau ont proposé de suspendre leurs activités partisanes afin de trouver une solution allant dans l’intérêt de la population, les conservateurs ont poursuivi leur campagne, plutôt que de diriger les opérations à partir de la Chambre des communes.

Par exemple, le ministre Chris Alexander a accordé une entrevue à l’émission Dans les coulisses du pouvoir dans son local électoral.

 

2- De la houle chez les conservateurs

Depuis notre blogue de jeudi dernier, au moins deux candidats du Parti conservateur ont été mis sur les lignes de côté et un autre est dans l’eau chaude.

Ainsi, Tim Dutaud, candidat dans Toronto-Danforth – l’ancien chef-lieu de Jack Layton – a dû démissionner pour avoir mis en ligne des vidéos à l’humour douteux.

Son collègue de la région de Scarborough, Jerry Bance, s’est fait prendre les culottes à terre, en train d’uriner dans une tasse… dans la cuisine où il devait réparer un lave-vaisselle, devant les caméras cachées de l’émission Marketplace (une émission qui ressemble à La Facture). On ne compte plus les reportages sur le sujet – tous plus dévastateurs les uns que les autres pour l’ex-candidat – dont la une du Toronto Star qui lui a valu un déficit de réputation de -163 470 $, selon l’outil mesure [d].

Jerry Bance

Quant au candidat conservateur dans LaSalle-Émard-Verdun, Mohammad Zamir, il affirme sur son site Internet unilingue anglophone qu’Il est à l’aise en français «élémentaire»… alors qu’il baragouine la langue de Molière.

 

3- Thomas Mulcair toujours poursuivi par son passé

Après la déclaration sur Margaret Thatcher, Tom Mulcair est à nouveau rattrapé par son passé. Si la vidéo sur Mme Thatcher avait été dépoussiérée par des bloquistes, cette fois, ce sont les libéraux qui fouillent dans les archives. Les candidats, Mélanie Joly et Stéphane Dion, ont ressorti des boules à mites une déclaration de M. Mulcair sur l’exportation d’eau en vrac. Le chef du NPD s’était montré ouvert à exporter de l’eau alors qu’il était ministre de l’Environnement sous les libéraux de Jean Charest. Question : quelle sera la prochaine trouvaille vidéo sur les positions passées de M. Mulcair ?