Ivan Demidov : déjà une marque !
Demidov est une marque. Pas celle d’un cigare ou d’une vodka. C’est le nom de famille d’Ivan. Deviendra-t-il un jour une légende ? Seul le temps le dira. Ce qui presse, c’est de savoir de qui il s’agit !
Vous ne le connaissez pas encore ? Il est temps de rattraper des millions de partisans de la LNH – et de la KHL !
Voyons qui est Ivan Demidov sous l’angle de la réputation – parce qu’il a déjà davantage que son jeu à soigner. Sa réputation, aussi !
Qui ?
Ivan Demidov est un jeune prodige russe de 19 ans. Cet ailier droit qui lance de la gauche a été repêché au 5e rang par le Canadien l’an dernier – des infos essentielles à glisser autour d’un verre, entre amis !
À 16 ans, Demidov jouait déjà contre des adultes dans la KHL. Le 14 avril dernier, il a fait ses débuts avec le CH, en pleine fièvre des séries. Accueilli comme un Dieu au Centre Bell, il a obtenu un but et une aide ! Et, puisqu’il est considéré comme l’un des espoirs les plus prometteurs du hockey au monde, il y a déjà un engouement pour des chandails tricolores au numéro 93 ! D’où la question qui suit :
Qu’est-ce qu’une marque ?
Une marque, c’est ce que l’on décode d’un produit, d’un service ou d’une personnalité au-delà d’un logo, d’une étiquette et d’un slogan. Ce sont les propres valeurs, goûts et attentes de chaque personne – sous les angles de la citoyenneté et de la consommation – qui définissent une marque.
Peut-on devenir une marque dès l’adolescence ?
À cette question, nous répondons : Oui, mais… exceptionnellement.
En effet, ne devient pas une marque qui le veut. Ça prend bien plus qu’un talent exceptionnel. Et c’est vrai dans le sport professionnel, tout comme dans le domaine artistique, les médias, le monde des affaires, etc. Prenons un exemple : quand le Canadien a remporté quatre fois d’affilée la Coupe Stanley dans les années 70, l’équipe regorgeait de joueurs talentueux –12 sont au Temple de la renommée. Pourtant…
Il n’y a eu qu’un seul Guy Lafleur – une icône dès son adolescence et jusqu’à son dernier souffle.
Avec Ivan Demidov, nous sommes à nouveau devant un cas exceptionnel. Qu’il en ait été très ou un peu conscient – considérant la distance entre la Russie et le Québec – Demidov était déjà une marque avant d’enfiler le chandail tricolore.
Bâtir une marque et…
Quatre éléments – toujours les mêmes, tant dans votre milieu de travail que dans le vestiaire du CH – contribuent à bâtir la marque d’une personnalité:
- la notoriété. Celle de Demidov est enviable dans le monde du hockey à travers le monde depuis plusieurs années;
- le talent. Le sien, indéniable, est encore brut – son potentiel de croissance est donc énorme !
- la personnalité. Son sourire et sa candeur font de lui un gars authentique. C’est excellent, mais ça ne suffit pas;
- la connexion émotionnelle. Une relation a été établie dès le premier contact d’Ivan Demidov avec le public montréalais. Il est devenu l’athlète, l’ami, l’amoureux et le gendre rêvé ! Ce fut le cas également lors du repêchage de Juraj Slafkovsky.
… et la faire évoluer avec distinction
Atteindre ce qui précède, c’est déjà énorme ! Et bien souvent, les athlètes s’arrêtent là.
Quelques hockeyeurs étrangers au marché du Québec ont su faire preuve d’audace et d’originalité. Par exemple, P.K. Subban s’était engagé à verser 10 millions $ à l’Hôpital de Montréal pour enfants. Du jamais vu !
Le modus operandi des athlètes à Montréal, c’est souvent de faire de la publicité pour une multinationale qui personnalise un hamburger à leur nom, et de « s’engager » à apprendre le français. De son côté, Guy Lafleur – un véritable levier de marque – s’est associé à une foule de produits de consommation. Le 93 sera-t-il plus sélectif ?
Ivan Demidov pourrait-il faire mieux que ses coéquipiers ? Pourrait-il devenir le premier joueur vedette du Canadien venu d’ailleurs à aller accorder avec aisance une entrevue à Tout le monde en parle ?
Même s’il est trop tôt pour que son nouvel entourage définisse une stratégie de marque pour lui – et avec lui – la réputation d’Ivan Demidov est déjà en construction.
Ainsi, l’équipementier Warrior a créé 93 affiches de type campagne électorale à l’effigie d’Ivan – ce qui, preuves du succès, a généré une importante couverture médiatique et… le vol des affiches qui avaient été installées aux abords du Centre Bell !
L’immense risque des dérapages
En octobre prochain, je ferai parvenir à Ivan Demidov, le livre Lafleur The Legend – la version anglaise du Best-Seller Guy Lafleur et nous sorti en 2023. 50 témoins y racontent « leur » Guy Lafleur, à la fois authentique et… imparfait. Il y apprendra notamment ce qui n’a pas changé dans le principal marché du CH.
Guy et Ivan ont plusieurs points en commun : ils étaient destinés aux plus grands succès dans la LNH depuis leur enfance, ils sont authentiques, et auront évolué dans le marché de hockey le plus exigeant au monde !
Ce qui diffère passablement avec le Démon blond, c’est la diffusion du moindre petit geste d’Ivan qui pourrait être perçu comme déplacé, à cause des réseaux sociaux…
Deux poids, deux mesures
C’est tout de même paradoxal que depuis quelques années, les Russes sont décriés. Mais Ivan a l’air d’arriver du ciel, et non pas du pays d’un dictateur. Deux poids, deux mesures !
Il suffira qu’il ne prenne pas un centième « selfie » d’affilée pour qu’une personne le qualifie de « non disponible pour son public » et ça pourrait s’emballer…
Guy avait la chevelure au vent, Demidov a l’élan du numérique. Une autre époque, un autre hockey. Mais le rêve, lui, est intact : faire vibrer Montréal. Et ça, aucune stratégie de marque ne peut l’inventer !