Le bon coup médiatique du mois : Greta
Il y a un an, elle faisait la grève, seule, devant son école et le parlement suédois. Le 23 septembre dernier, elle parlait «dans le blanc des yeux» aux dirigeants de l’ONU. Et vendredi dernier, à Montréal, elle poursuivait sa croisade pour que les gouvernements posent des gestes concrets contre les changements climatiques.
J’octroie le bon coup médiatique du mois, voire de l’année – et elle aura marqué l’actuelle décennie – à Greta Thunberg, puisque sa démarche originale a inspiré et mobilisé, jusqu’à maintenant, des millions de personnes.
Rien n’indique quand elle ralentira la cadence. Et il y a fort à parier qu’en 2050 – au moment où, souhaitons-le, le Canada aura atteint l’engagement d’éliminer complètement les gaz à effet de serre et que Mme Thunberg aura 47 ans – nous parlerons encore de cette campagne.
Pourquoi ?
À 16 ANS, GRETA THUNBERG EST PARVENUE À INCARNER, AVEC UN MESSAGE CLAIR, L’URGENCE D’AGIR.
Elle est devenue une icône. Une marque.
Ainsi, ce que d’innombrables scientifiques, communicateurs et militants du monde entier ont tenté de dénoncer efficacement depuis longtemps à coups de rapports du GIEC et autres rapports – tous plus crédibles et précis les uns que les autres – Greta Thunberg est parvenue à le dire très clairement. À toucher. À mobiliser. Et à déranger.
«Une ligne, un punch !», lui a probablement enseigné une Denise Filiatrault suédoise.
Les leçons de communication de Greta Thunberg
Si elle est devenue une vedette planétaire dans les médias traditionnels et sociaux au cours des derniers mois, ce n’est pas parce qu’elle est allée chanter à The Voice ou se pavaner à OD… C’est encore moins l’effet du hasard, mais plutôt d’une conjoncture qui lui est favorable.
Voici quelques leçons de communication qui découlent de la campagne qu’elle mène depuis plusieurs mois, avec ses meilleurs coups qui peuvent tous nous inspirer et… quelques incohérences :
- Elle est authentique – ce qui fait qu’elle est à la fois adorée et détestée
- Son objectif est clair : faire réaliser au plus grand nombre de personnes possible, partout, ce que les scientifiques affirment depuis longtemps : il faut agir maintenant pour la planète
- Sa stratégie est claire : dénoncer l’inaction des élus et des décideurs de l’économie en créant une immense pression sur eux
- Les médias ont adopté Greta Thunberg, ils en ont fait la nouvelle Mère Theresa planétaire !
- Greta Thunberg parle cru et sans nuances. Nous n’oublierons pas ses “How dare you? ” et “I don’t want your hope. I want you to panic…and act” répétés plusieurs fois aux bonzes de l’ONU et par la suite
- Elle interpelle la génération montante – ce qui explique la puissance de la mobilisation qu’elle a créée
- Elle est devenue crédible – à la fois parce des personnalités telles Barack Obama l’appuient et qu’elle compte Donald Trump et Maxime Bernier parmi ses détracteurs !
Sa mère est chanteuse d’opéra et son père acteur, auteur et producteur. Elle a donc appris à communiquer avec des messages clés «punchés» !
Mais, malheureusement…
Cette « opération de relations publiques » – parce que c’est bien de cela qu’il s’agit – a été conçue et réalisée par des gens de bonne volonté, mais pas par de véritables professionnels des relations publiques qui auraient tout questionné, tout analysé.
CETTE « OPÉRATION DE RELATIONS PUBLIQUES » A ÉTÉ CONÇUE AVEC QUELQUES INCOHÉRENCES.
La plus grande incohérence de cette opération, ce sont ses déplacements.
Dans une récente chronique publiée dans le Journal de Montréal intitulée Greta et nous… menés en bateau qui a généré un déficit de réputation de -42 % à Greta Thunberg, Mario Dumont n’y est pas allé avec le dos de l’ancre pour critiquer son entourage. Il écrivait notamment :
- Soyons sérieux : ce voilier de course a été construit avec des matériaux ultra polluants. Pas pour apporter des denrées aux populations pauvres, mais pour pratiquer une forme de course de voiliers qui s’adresse aux multimillionnaires.
- L’opération totale aura généré plus de déplacements en avion que si elle avait fait un simple aller-retour avec son père dans un siège en classe économique.
Et maintenant…
Au sommet de sa popularité, que peut-elle maintenant faire de plus ?
GRETA THUNBERG SERAIT-ELLE EN TRAIN DE DEVENIR PRISONNIÈRE DE SA PROPRE MARQUE ?
C’est évident qu’elle sera encore énormément sollicitée aux quatre coins de la planète, et toujours plus exposée à tout écart à la perfection dont elle se réclame.
C’est déjà devenu impossible qu’elle se déplace toujours dans des conditions « 100 % respectueuses de l’environnement » – selon sa propre définition. Qu’arrivera-t-il lorsqu’elle se déplacera en Tesla, ou que les conditions de fabrication de t-shirts autorisés à son effigie seront mises en doute ?
Que de beaux défis pour de véritables professionnels des relations publiques !