Les femmes ont pris le contrôle
Voici une question d’actualité en cette Journée internationale des femmes : comment et pourquoi les femmes sont-elles parvenues à faire évoluer et à transformer les relations publiques ? Et n’y a-t-il que des avantages ? C’est un article du PR News qui m’a fait réfléchir à ce sujet.
Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis que Patrick Juvet chantait « Où sont les femmes ? ». À cette époque pourtant pas si lointaine, elles occupaient à peine un emploi sur quatre en relations publiques, et très peu d’entre elles avaient des postes de direction.
Aujourd’hui, les femmes sont partout ! Aux États-Unis, elles sont 73 % parmi les 21 000 membres de la Public Relations Society of America (PRSA). Ce pourcentage est de 67 % au sein de la Société canadienne des relations publiques (SCRP) et, au Québec, 85 % des étudiants et membres des Jeunes relationnistes de la Société québécoise des professionnels en relations publiques (SQPRP) sont de sexe féminin !
Depuis une décennie en particulier, elles détiennent de plus en plus de responsabilités importantes – conseillères, vice-présidentes et présidentes. C’est le cas partout, et notamment au Québec, où des femmes de grand calibre occupent des fonctions-clé dans un très grand nombre d’organisations et de cabinets de relations publiques.
Mais… parce qu’il y a un mais
C’est bien beau, cette montée des femmes dans la hiérarchie des organisations en relations publiques. Mais regardons quelques faits:
- environ 80 % des postes décisionnels sont encore occupés par des hommes
- on réserve presque toujours aux femmes la responsabilité des événements, sans leur accorder la même place aux tables d’influence et de décisions
- elles entrent à l’université en «surfant» sur leur cote R, qui y a une influence énorme – alors que celle-ci n’aura aucun impact au moment de leurs stages et de leur entrée sur le marché du travail
- comme c’est le cas dans toute profession qui se féminise, les conditions salariales sont généralement moins intéressantes…
Être mâle: un défaut ?
Le déplacement du balancier a été tellement rapide et important qu’en 2007 et 2008, alors que j’étais chargé de cours à l’UQAM, j’ai demandé à mes rares étudiants et à la très grande majorité féminine (à chaque fois 3 gars parmi des groupes de 35 et 55 filles…) de me dire qui était Thérèse Casgrain. Personne ne le savait. Je leur disais qu’elle avait milité avec fougue et patience en faveur du droit de vote des femmes québécoises et canadiennes. Et que, du haut du ciel, elle doit avoir un sourire en coin en voyant la place plus que dominante qu’occupent maintenant les femmes en relations publiques !
Il y a quelques années, alors qu’elle était la présidente de la Public Relations Society of America, Catherine Bolton était allée parler à des étudiants universitaires. Lors de la période des questions, l’une d’elles l’a surprise: «Je suis un gars, est-ce que ça atténue mes chances de faire carrière en relations publiques ?».
Dans la communauté web…
Il est évident que les discussions à propos de la place grandissante des femmes en relations publiques vont bon train dans l’univers 2.0.
À titre d’exemple: sur le forum de MyRagan.com, un gars s’est récemment risqué à attribuer principalement la percée des femmes à la qualité de leurs plumes. Oh ! qu’il a reçu une volée de bois vert !
Plusieurs femmes ont répliqué en affirmant plutôt que c’est grâce à leur sens inné de la persuasion – qu’elles savent utiliser autant près des hommes que des femmes – qu’elles font leur place en relations publiques. Et que leur empathie naturelle contribue à créer les liens de confiance nécessaires. Plusieurs hommes – et j’en suis ! – reconnaissaient aussi que l’esprit de synthèse et le sens des priorités des femmes sont des atouts indéniables.
Il y a des plus…
Jusqu’à maintenant, la profession des relations publiques est-elle sortie gagnante de cette arrivée massive de femmes ? J’affirme que oui !
Au bilan de leur contribution, il y a sans contredit leurs façons d’analyser des situations complexes avec cette touche de sensibilité qui, très souvent, fait la différence. Elles ont aussi transformé les relations de qualité avec les différents publics d’une organisation, dont les journalistes. Et, bien sûr, elles ont su amener la qualité des événements vers de nouveaux sommets !
… et des moins
Ce qui me frappe lorsque de nouvelles cohortes sortent des universités, c’est que plusieurs dizaines de jeunes femmes semblent toutes venir d’un même moule. En parcourant leurs CV et lors d’entrevues – et malgré leurs personnalités différentes – j’ai malheureusement la nette impression qu’elles sont souvent interchangeables…
Au départ, elles sont toutes des premières de classe qui, bienn méthodiquement, semblent avoir pris bien plus de notes qu’elles n’ont véritablement écoutées… Elles se disent motivées à réussir, mais… seules quelques exceptions ont «du feu dans les yeux» et semblent convaincues des efforts non sollicités qu’elles devront être prêtes à fournir…
Il y a nécessairement moins d’hommes dans ma profession. De tous les âges. Et c’est bien dommage.
Même s’ils font généralement plus de fautes que les filles, une petite poignée de gars par cohorte, ce n’est pas assez. Parce que, bien souvent, les gars s’éclatent davantage avec leur plume et dans les sessions de remue-méninges !
Il n’y a pas assez d’hommes, compte tenu qu’ils représentent 52 % de la population, qu’ils ont eux aussi des idées brillantes et, surtout, qu’elles sont souvent «off the box» ! Et, ce n’est pas à négliger: les mâles ne sont pas assez nombreux dans la dynamique des équipes de travail.
Je plaide donc pour l’intégration du «gars de service» ! Et vous, qu’en pensez-vous ?