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Novak Djokovic et Anne Casabonne : même combat

Par Pierre Gince, PRP, ARP, FSCRP   |   24 janvier 2022

Quel est le dénominateur commun entre le tennisman Novak Djokovic et la comédienne Anne Casabonne ?

Au cours des dernières semaines, l’une et l’autre ont misé sur leur renommée publique afin de s’exprimer comme citoyens. C’est leur droit. Mais, est-ce que tous les impacts ont été analysés avant leurs prises de position ?

Leur combat contre la vaccination liée à la COVID-19 a déjà mis la suite de leur carrière à risque, tout comme leurs rôles d’ambassadeurs de marques. Et, rien ne semble vouloir les arrêter, bien au contraire !

Voici quelques leçons de communication-marketing qui en découlent…

Mercredi dernier, dans LaPresse+, Serge Chapleau a contribué au déficit de réputation d’Anne Casabonne avec cette caricature « coup de poing ». Selon Mesure Média, son score de performance est de… -140 % sur -200 %.

Disparaitre derrière des personnages : encore possible ?

Au Québec, il y a unanimité à propos du talent de comédienne d’Anne Casabonne.

Pourquoi ? Parce qu’au petit et au grand écran, tout comme sur scène, elle disparait… au profit de ses personnages. Elle n’était plus Anne Casabonne, mais plutôt Claude dans La galère, une prisonnière ayant subi une mastectomie complète dans Unité 9 et une prostituée dans Sans rendez-vous.

Si elle n’est pas élue dans Marie-Victorin lors de la prochaine élection partielle, parviendrait-elle à disparaitre à nouveau derrière des personnages?

Avant même que le public ne puisse se prononcer, ce sont les responsables de l’attribution des rôles, de la réalisation et de la production et les diffuseurs qui décideront. Or, le milieu culturel – c’est un euphémisme – n’a pas beaucoup d’atomes crochus avec le Parti conservateur d’Éric Duhaime…

Au cours des dernières années, elle a été l’une des exceptions du domaine culturel à devenir ambassadrice de marque. Mais, l’automne dernier, à la suite de propos controversés sur les vaccins, sa collaboration avec Accès Pharma s’est terminée très rapidement et elle ne sera sans doute plus jamais ambassadrice… puisque la « chum de fille » qu’elle incarnait est devenue toxique pour les gestionnaires de marques.

MALHEUREUSEMENT, ANNE CASABONNE EST DEVENUE TOXIQUE POUR LES MARQUES.

La preuve ? Même si elle a une plus grande notoriété que son chef Éric Duhaime, elle n’a pas démontré – au cours des derniers mois dans les médias sociaux, et dans ses entrevues depuis lundi dernier – qu’elle parviendra à transposer sa crédibilité et son expertise de comédienne dans la sphère politique.

LA NOTORIÉTÉ, C’EST UNE CHOSE. LA CRÉDIBILITÉ ET L’EXPERTISE, C’EST TRÈS DIFFÉRENT.

En entrevue avec Paul Arcand (déficit de -150 %, selon Mesure Média) et ailleurs, ses propos décousus et superficiels étaient tristes à entendre et à lire.

Sans grande surprise, la chroniqueure Sophie Durocher est tombée à bras raccourcis sur l’entrée en politique d’Anne Casabonne. Score de performance de… -120 %.
Source du visuel : Journal de Montréal

 

Source du visuel : Cision

Pourquoi abandonner délibérément le 1er rang mondial ?

Au cours des derniers jours – et malgré son statut actuel de numéro un au monde au tennis – Novak Djokovic n’a pas pu décréter qu’il pouvait conserver son droit de séjour en Australie…

Ainsi, tel que l’écrivait Mathieu Boulay dans le Journal de Montréal et le Journal de Québec, Djokovic pourrait payer cher … son entêtement.

« Novak Djokovic n’a pas eu le dernier mot. Son visa australien a été annulé et il est retourné à la maison. Pas de match, pas de victoire, pas de titre et pas de record. Sa brillante carrière est maintenant entachée. Ses grandes victoires ont soudain moins de valeur. »

Ce reportage nous apprend qu’en 2021, Djokovic a empoché 30 millions $ U.S. en commandites. C’est énorme !

C’est aussi à risque. Puisque, c’est connu : les gestionnaires associent des marques à des personnalités qui incarnent des valeurs qui font consensus et qui génèrent de la couverture médiatique positive. Aussi, elles et ils s’éloignent très rapidement de toute controverse.

 

Partout sur la planète, le statut vaccinal de l’athlète est décrié, ce qui a creusé un déficit de réputation de… quelques millions de dollars !
Source du visuel : New-York Times

 

L’entêtement du « citoyen Djokovic » a déjà des retombées directes sur son statut d’athlète et son compte de banque : Lacoste a mis fin à son partenariat – ce qui pourrait inciter d’autres marques à l’abandonner.
Source du visuel : Tennis World

D’où vient cet entêtement de celui que des médias ont surnommé « Novax » alors qu’en 2020, il a investi dans une compagnie danoise en biotechnologie à la recherche d’un vaccin contre la COVID-19 ?

DJOKOVIC A CHOISI DE FAIRE PASSER LE CITOYEN DEVANT L’ATHLÈTE ADULÉ. CE DROIT – ABSOLU EN DÉMOCRATIE –  POURRAIT LUI COÛTER… QUELQUES DIZAINES DE MILLIONS DE DOLLARS U.S. !

À l’aide !

Ce qui est très souvent surprenant lorsque surviennent des crises – et fréquemment durant celles-ci – c’est à quel point il y a absence de spécialistes en… gestion de crises.

Tous les stratèges en communication n’ont pas nécessairement eu à gérer des crises, et… ce n’est pas le temps d’improviser. Et, ce n’est pas un signe de faiblesse – bien au contraire – que de s’appuyer sur de telles expertises à l’externe : c’est l’une des spécialités de la plupart des cabinets de relations publiques !

Dans ces deux cas-ci… Qui entoure Anne Casabonne ? Qui entoure Novak Djokovic ?

C’est à la fois dans l’intérêt personnel et professionnel des personnalités que les spécialistes en gestion de crises apportent une valeur ajoutée. Encore faut-il savoir les recruter et avoir l’humilité de les écouter…

À retenir :

  • Les revenus d’Anne Casabonne et de Novak Djokovic n’ont rien en commun… sauf ceci : tous les deux ont tout misé à un jeu auquel ils ne peuvent absolument pas gagner…
  • Dans toute situation de crise, il est impératif de faire appel à des spécialistes en gestion de crise !