Campagne électorale

Quelques bons et mauvais coups de la campagne

Par Pierre Gince, PRP, ARP, FSCRP   |   27 septembre 2022

 

Une campagne électorale, ça ressemble beaucoup au quotidien des organisations. Souvent, beaucoup plus qu’on le pense !

La recette de succès est la même : des objectifs clairs et réalistes, une stratégie réfléchie et logique, des messages crédibles et « Wow ! » qui vont rallier les troupes, et une évaluation significative.

Dans le cas de la campagne qui s’achève au Québec, le paradoxe est intéressant : il n’y a jamais eu, à la fois, autant de stratèges en communication afin d’appuyer cinq partis qui pourraient tous faire élire des candidates et candidates, et si peu de bons coups !

Selon Mesure Média, ni le Premier ministre, ni la cheffe de l’Opposition officielle ne se sont démarqués dans la catégorie des Bons coups…

 

Bons coups

Gabriel Nadeau-Dubois

  • Il a poursuivi son repositionnement en deux étapes amorcé il y a quelques années : de « carré rouge » à parlementaire crédible, puis à co-chef de parti avec un bébé et… des cheveux grissonnants !
  • Son ton s’est beaucoup assagi, et il maitrise l’art du non-verbal (il prend des pauses en parlant et plisse les yeux, synonymes de sagesse).

 

Éric Duhaime

  • Il est parvenu à obtenir la légitimité nécessaire pour être invité « à la table des grands » : une couverture médiatique importante et une présence aux débats des chefs.
  • Il est le seul chef de parti à avoir tenu des rassemblements de militantes et de militants dignes de ce nom (plusieurs centaines de personnes au début, puis environ 2000 personnes au Centre Vidéotron).
  • Les médias le trouvent distrayant ! Que l’on soit pour ou contre ses idées et son parti qui polarisent, il contribue aux cotes d’écoute et au lectorat des médias.

 

Paul Saint-Pierre Plamondon

  • Il a surpris agréablement puisque ses performances aux deux débats ont été au-delà des attentes (qui étaient à peu pres inexistantes auprès du public qui l’identifiait surtout comme « le monsieur du PQ »). Il est maintenant enraciné dans le paysage politique.
  • Malgré son allure de collégien, il s’est positionné au-dessus de la mêlée à plusieurs occasions, et s’exprime clairement à propos de l’identité et de la souveraineté.

 

Mauvais coups

C’est vraiment déplorable : les chefs des cinq principaux partis politiques ont complètment ignoré le sujet de l’éducation !

L’ÉDUCATION ? UN SUJET PASSÉ COMPLÈTEMENT SOUS LE RADAR…

Aux deux tiers de la campagne électorale, alors qu’il y avait eu plus de 19 000 retombées uniquement dans les médias traditionnels, seulement 6 % ont porté sur l’éducation… alors que le 3e lien en avait généré 13 %.

 

François Legault

  • Dès le début de la campagne, il a donné l’impression qu’il allait « compter les dodos » jusqu’à la fin…
  • Durant le premier débat, son langage non-verbal était éloquent : un visage renfrogné. Il a fait mieux au deuxième, mais… il n’avait pas plus envie d’être là.

CONTRAIREMENT À 2018, FRANÇOIS LEGAULT N’A PAS FAIT RÊVER LES QUÉBÉCOISES ET QUÉBÉCOIS. ET, LES AUTRES CHEFS N’ONT PAS OCCUPÉ L’ESPACE…

  • Un slogan défensif, à l’image de sa campagne : « Continuons ». Ça dit tout et, surtout, ça ne dit rien…
  • Quelques déclarations malheureuses qui ont polarisé et blessé des gens :
    • « Cette madame » à propos de la cheffe libérale Dominique Anglade
    • Amalgame entre violence et immigration
    • « C’est réglé » à propos de la douleur dans la famille de Joyce Echaquan
    • Il confirme des ministres (Christian Dubé à la Santé) comme si la réélection de son parti était une évidence.

 

Éric Duhaime

  • Il connait très bien l’importance que peuvent prendre « les squelettes dans les placards ». Comment a-t-il pu négliger de régler – avant la campagne électorale – celui des taxes payées par ses locataires? S’est ajoutée une facture non payée chez Hydro-Québec. Un déficit de réputation et une distraction d‘au moins quatre jours consécutifs…
  • Contrairement à ce qui était attendu, ce ne sont pas surtout des candidates et candidats aux « profils à controverses » qui ont nui au Parti conservateur au cours de la campagne, mais… son chef.

 

Dominique Anglade

  • D’abord et avant tout, elle n’a pas démontré sans l’ombre de doute quelle est la pertinence de voter libéral en 2022.
  • Pourquoi le slogan « Votez vrai » ? En réponse à quoi du gouvernement sortant ?
  • Une erreur de… 12 milliards $ dans le cadre financier de l’historique « parti de l’économie ». Une correction a été apportée, et… il y avait encore des erreurs !

 

Gabriel Nadeau-Dubois

  • L’engagement électoral de taxer les individus qui ont des biens d’une valeur de plus de 1 million $ a été mal ficelé et mal communiqué. Résultat : la CAQ l’a qualifié de « taxe orange » et a fait distribuer un feuillet pour démoniser cette idée de QS. Il s’agit de l’étiquette qui a le plus collé à un parti jusqu’à maintenant.

 

En terminant… La communication politique, c’est une chose. Maintenant, il faut aller voter !