L’analyse de presse: Marois, Duceppe et sa complexité
L’analyse du contenu des retombées de presse est de plus en plus utilisée dans les différents secteurs d’activité.
Au fil du temps, elle est devenue plus complexe, notamment pour trois raisons.
Premièrement, une même retombée peut être analysée au bénéfice de plusieurs organisations ou individus.
Ensuite, une même retombée peut traiter de plusieurs enjeux.
Enfin, peu importe au bénéfice de qui une retombée est analysée, certaines variables pourront être favorables, d’autres neutres et quelques-unes défavorables.
Prenons un exemple tout à fait d’actualité : le leadership de Pauline Marois.
La complexité de « Qui perd gagne… »
Un autre Conseil national du Parti Québécois vient de prendre fin sur un fond de… compromis. Pour les supporteurs et les anti-Marois, de même que pour le SPQ Libre et les autres groupuscules, la vie continue… et les déchirements en privé et en public aussi.
Si vous aviez travaillé dans l’entourage de la chef du PQ, vous auriez pu, par exemple, faire analyser à tous les jours, les retombées diffusées dans les quotidiens en janvier 2012 dont les titres contenaient « Marois » et « Parti Québécois ». Ces retombées (nouvelles, entrevues, brèves, éditoriaux, chroniques et caricatures) auraient suffi pour mesurer l’impact des différents intervenants, soit Mme Marois et ses adversaires.
Pourtant, chaque personne ayant une dose de souveraineté dans son ADN et qui est intervenue dans la plus récente saga du PQ – Pauline Marois, Gilles Duceppe, François Rebello, Bernard Drainville, Marc Laviolette, Bernard Landry, etc. – sait très bien que tout cela a causé un tort énorme à la « cause », à la « patrie » et même à la survie du Parti Québécoiset du Bloc Québécois. Mais… à quel point ?
On ne compte plus (parce qu’il y en a eu plusieurs dizaines…) les retombées de presse qui, au cours des dernières semaines, ont fait mal à Mme Marois, à M. Duceppe, au Parti Québécois et au Bloc Québécois.
« S’il est très facile d’affirmer, au « pif », qu’aucune personnalité n’est sortie gagnante à travers la saga au PQ,une véritable analyse de presse permet d’évaluer l’ampleur des « dégâts » qui ont été causés à la réputation de Pauline Marois et Gilles Duceppe. »
S’il est très facile d’affirmer (au « pif », sans outil de mesure) qu’aucune personnalité n’est sortie gagnante à travers cette saga, une véritable analyse de presse permet – avec une certaine difficulté – d’évaluer l’ampleur des « dégâts » qui ont été causés à la réputation de l’un et de l’autre (distinguons ici l’impact négatif des retombées de presse de ce que les Québécois ont retenu).
Il existe maintenant des outils qui permettent de déterminer plusieurs valeurs économiques d’une même retombée – qu’elle provienne de la radio, de la télévision, des quotidiens, des hebdomadaires et des magazines. Ainsi, une même retombée peut être à la fois légèrement négative au Parti Québécois, légèrement positive pour Mme Marois et très négative pour M. Duceppe…
Bien que toutes les variables qui entrent en ligne de compte aient un impact, en voici trois qui ont un effet significatif :
- le titre : Quand le Journal de Montréal coiffe une chronique avec ironie : « PQ : rire ou pleurer ? », cette variable donne un ton. Et malgré le point d’interrogation, cette variable est ici négative. Mais qu’en est-il de l’amorce de la chronique, la mortaise et du traitement … ? ;
- la mortaise : De plus en plus, les quotidiens modèlent leur mise en page sur celle des magazines en ayant recours à de grandes photos, des titres plus imposants et des mortaises. Or, la simple lecture d’une mortaise – sans le contexte – donne un ton… comme dans cet exemple tiré de La Presse : « J’entends me consacrer entièrement à défendre mon intégrité et à rétablir ma réputation. Il m’est donc impossible d’envisager un retour en politique active » ;
- les tiers-partis : Les retombées de presse récentes qui ont fait le plus mal à Mme Marois sont celles où plusieurs tiers-partis sont intervenus. Ainsi, même si Marc Laviolette et Pierre Dubuc semblent parler en leur propre nom, ils parviennent tout de même à se faufiler dans l’actualité… et ça fait presqu’aussi mal à Mme Marois que si c’étaient ses adversaires libéraux !
Conclusion
Évidemment, la réalité politique est « bien particulière ». Malgré cela, les stratèges en communication qui ont choisi d’y travailler devraient s’appuyer sur des principes qui gagnent en popularité dans les différents secteurs d’activité :
- mesurer moins… et mesurer mieux (c’est-à-dire se concentrer sur quelques enjeux prioritaires plutôt que de tenter de tout faire évaluer);
- analyser ce qui se mesure clairement, sans équivoque (ex : les différentes variables ont-elles un impact favorable, neutre ou défavorable sur Mme Marois, le Parti Québécois, M. Duceppe et le Bloc Québécois ?);
- ne pas perdre de temps à tenter de mesurer l’intangible (ex : les retombées négatives qui se succèdent nuiront-elles à la cause de la souveraineté ?) Ce sont d’autres outils – notamment les sondages et les groupes-discussion – qui peuvent répondre à cette question.
Qu’en pensez-vous ?