Les initiations : important risque de déficit de réputation
À l’approche de la rentrée, il y a fort à parier que les gestionnaires et les stratèges en communication des universités et des organisations sportives partagent une même hantise : qu’une activité d’initiation – une seule – vienne ternir la réputation de la marque qui est sous leur responsabilité.
Acceptabilité sociale et paradoxe
Ce n’est pas d’hier que les recrues sont initiées dans les CEGEP, les universités et les équipes de sport. Il y eut une époque où les initiations consistaient, entre autres, à faire nettoyer les lignes blanches à une intersection, durant un feu rouge, avec du dentifrice !
Au fil du temps – et, au cours des dernières années en particulier – les limites ont été repoussées. Ainsi, le « rite de passage » prend une inquiétante tangente… même si l’accessibilité sociale est de plus en plus fermée envers ces activités.
Le paradoxe est intéressant : les victimes sont de plus en plus considérées dans les discours officiels et les guides de toutes sortes, mais les institutions tolèrent – directement ou indirectement – des initiations de plus en plus dégradantes et humiliantes…
Source du visuel : X
Le printemps dernier, la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, a lancé l’idée d’interdire les initiations à compter de la rentrée qui s’annonce. Dans les réseaux sociaux, son approche a souvent été qualifiée de « symbole politique » qui n’aurait pas d’impact significatif. Selon Mesure Média, ce gazouillis a généré un léger score de performance de 60 % sur 200 %.
Une médiatisation à décortiquer
Qu’en est-il de la médiatisation des initiations qui surviennent dans les initiations universitaires et au sein de Ligue de hockey Junior Maritimes Québec (LHJMQ) ? La réalité est très différente.
Source des données du visuel : Cision
Ainsi, dans les médias écrits (tablettes, médias numériques et quotidiens papier) depuis le 1er janvier 2022, moins de 1 % des retombées portant sur les universités abordaient l’enjeu des initiations.
Mais, attention. Cet enjeu a été l’un des plus repris, à la radio et à la télévision, pour parler des universités… parce que c’est spectaculaire ! Ça fait beaucoup plus réagir que des commentaires d’analystes sur un conflit entre deux pays… Ainsi, une seule mention dans un quotidien à propos des initiations a souvent contribué à y alimenter les émissions de toute une journée, et ce, à travers le Québec.
Ce côté « spectaculaire », on le retrouve encore davantage dans la couverture des initiations survenues dans le hockey junior. Durant la même période, 3 % des retombées de la LHJMQ dans la presse écrite ont porté sur les initiations et « l’affaire Carl Latulippe », soit l’action collective portée par l’ex-joueur de la LHJMQ à propos de sévices qu’il aurait subis dans les années 1990.
La couverture médiatique de la LHJMQ portant sur des initiations passées est énorme, et très dommageable à sa réputation.
Source des données du visuel : Cision
Les médias écrits ont accordé une attention différente aux initiations de la LHJMQ. La Presse+ est arrivée au 20e rang avec 39 retombées.
Source du visuel : LeDevoir.com
Selon Mesure Média, ce reportage du quotidien Le Devoir, le 2 juillet dernier, a généré un score de performance de -125 % sur -200 % à la LHJMQ.
Victimes vs réputation des marques
Voilà pour l’aspect médiatique lié aux initiations. Mais, au-delà des données, il y a d’abord et avant tout les victimes.
Pour chacune d’elles, la marque enviée au moment de s’inscrire à une institution scolaire ou de se joindre à une équipe sportive est probablement ternie à jamais. Le nom et le logo raviveront des souvenirs indélébiles…
Osons croire qu’à compter de maintenant, les gestionnaires se préoccuperont davantage des victimes que de sauver leur image.